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Silver Stairs Of Ketchikan - EDEIDA
Chronique Album
Date de sortie : 05.06.2021
Label : Lava Thief Records
4
Rédigé par Bertrand Corbaton, le 31 mai 2021
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Il est de ces groupes réellement marquants tant leur musique et leur univers sont singuliers. Pour exemple, Dead Can Dance illustre parfaitement ce propos. Ils évoluent depuis des années sans faire de concessions, gardent leur ligne de conduite et se laissent guider par leurs envie en faisant fi des modes ou d'influences trop évidentes. Mais cessons immédiatement cette digression autour de Dead Can Dance, car il n'est pas question de cela aujourd'hui. Pourquoi cette allusion au duo Gerrard – Perry alors ? Parce qu'il y a dans EDEIDA, premier projet personnel de la guitariste de Thought Forms Charlie Romijn, une musique qui vous invite à la contemplation, à l'introspection, comme pourrait le concevoir le duo mentionné plus haut.

Certes l'approche est très différente, et les musiciens de Silver Stairs Of Ketchikan restent plus collés à un schéma traditionnel guitare – batterie que les illustres Dead Can Dance. Pourtant, on trouve parfois une même sève chez les deux formations, quelque chose qui veut vous faire toucher du doigt le divin, le mystique.

Charlie Romijn appréhende EDEIDA comme un voyage. Le râpeux Passager est peut-être la meilleure illustration de ce propos. La voix à la fois angélique et ferme de cette dernière est le fil conducteur de ce morceau, bercé par les roulements d'une batterie pour une rythmique protéiforme. Ce titre présente une tension particulière, orageuse et pluvieuse. Elle est la parfaite bande son pour s'arrêter devant les vastes étendues écossaise ou islandaise. La tension de ce titre n'est pas présente à tout l'album, loin s'en faut, puisque l'ambiance se veut de façon générale apaisée, comme sur le titre éponyme, ou sur l'instrumental Child Smile Eyes. Sur ces deux pièces, des guitares épurées mènent le bal de mélodies simples et dépouillées, même si EDEIDA s'articule en deux temps, voyant la deuxième partie du morceau révéler un thème pop légèrement plus conformiste. I Took reprend également cette logique dans un faux duo guitare – voix. Mélancolique, parfois morne, la mélodie est forte et prenante, et Charlie Romijn n'en fait jamais trop sur ses chansons, souvent courte mais percutantes.

Il est assez amusant de voir comme la musicienne joue sur différents plans. Ainsi, Pylon dévoile une espèce de gimmick bluesy très intimiste. La voix chaude tout en retenue au début s'envole au fur et à mesure pour habiller ce riff entêtant. Franchement réussi, ce morceau lancinant est un appel aux grands espaces. Cet appel est aussi prégnant sur l'envoûtant Golden dont la mélancolie fonctionne comme une antithèse du morceau d'ouverture Old God's Tongue et son ton grave et pesant.
La conclusion de l'album, Of Dried Glass, apparaît comme les deux faces d'une même pièce, où le chant clair et calme débarrassé de toute instrumentation laisse ensuite place à une ambiance beaucoup plus sombre et menaçante.

Qu'importe si le premier album solo de Charlie Romijn vous évoque Dead Can Dance, Sigur Rós, ou les paysages froids de la ville de Ketchikan, EDEIDA a vraiment beaucoup de choses à apporter. Sans être renversant, sans être absolument novateur, il dégage assez de singularité pour marquer sa différence et retenir votre attention. Ajoutez à cela des mélodies intéressantes et des ambiances prenantes, et vous vous en sortez pour un voyage hors du temps et des sentiers battus. À ne pas louper.
tracklisting
    01. OLD GOD'S TONGUE
  • 02. GOLDEN
  • 03. PASSAGER
  • 04. CHILD SMILE EYES
  • 05. EDEIDA
  • 06. PYLON
  • 07. I TOOK
  • 08. OF DRIED EYES
titres conseillés
    PYLON, I TOOK, GOLDEN, PASSAGER
notes des lecteurs