M(h)aol

M(h)aol, groupe post-punk intersectionnel, sort son premier disque en ce début 2023 et ce n’est pas pour vous souhaiter une bonne année mais plutôt pour vous sauter dessus et vous dire vos quatre vérités. Dans un style noise rock minimaliste et énervé, il n’y a qu’à lire le nom des titres pour comprendre de quoi il en retourne.

La batterie rapidement martelée de manière simpliste et sèche, sans les fioritures de cymbales ou charleys, est accompagnée de quelques riffs de guitare secs et bruts. C’est ainsi que débute l’album avec Asking For It et Bored Of Men. Faisant suite à leur EP Gender Studies il y a un peu plus d’un an, leur premier disque Attachment Styles balaye de nombreux thèmes, des questions ou réflexions liées au viol, au rejet de la faute sur les victimes (le puissant et nécessaire titre Asking For It), jusqu'à la diversité des genres. Un album inspiré entre autres par la communauté queer et la diversité des genres présente à Bristol.

S'ensuit No One Ever Talks To Us, et son aller-retour de guitare, rappelant un essuie-glace. Par-dessus, on retrouve le chant blasé et cinglant de la chanteuse Róisín Nic Ghearailt, lasse que personne ne lui adresse la parole pour autre chose que l’inviter dans son lit (pour le dire poliment).


L’interlude parlé Bisexual Anxiety mène à Therapy, dont les paroles sont difficiles à distinguer au milieu de tous les instruments bruitistes et ramassés, tous ensemble, comme à l’intérieur d’un esprit confus. Nice Guys, un des plus longs titres de l’album, présente lui une atmosphère à la fois menaçante et ironique.
Cowboy Honey, plus calme, envoûte par son aspect moins bruitiste, mais surprend alors avec ses carillons sortis de nulle part et un son désaccordé par-dessus une scie en train de découper... on ne souhaite pas savoir quoi. Digne d'un film horrifique ! Femme questionne les clichés liés aux femmes, au genre et à la sexualité, sur fond de basse assez lourde et d’un rythme très 70s.

Il s'agit là d'un album brut et assez minimaliste. Originaires de Dublin, les cinq musiciens sont éloignés les uns des autres et ont peu de temps à passer ensemble, même pour répéter. Le son de l'album est plutôt sombre, en accord avec la gravité de certains thèmes évoqués. Comme pour l'EP Gender Studies, ce premier album semble avoir été enregistré dans un garage ou une salle de bain.

Il manque peut-être certains éléments musicaux afin de mieux lier l'ensemble mais une chose est sûre : les membres de M(h)aol foncent et ont des choses à dire et à dénoncer. Et cela fait un bien fou.