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Gruff Rhys

Paris, La Gaîté Lyrique - 7 avril 2012

Live-report par Amandine

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« Pas de verre à l'intérieur de la salle », tel est l'accueil que nous réserve La Gaîté Lyrique en ce samedi. Plutôt inhabituel pour une salle de concert mais avec Gruff Rhys, rien n'est, de toute façon, habituel.

Pour l'occasion, la grande salle s'est transformée et la représentation du Gallois se fera face à un public assis, sans première partie, histoire de se plonger directement dans le grand bain.
Les conversations battent leur plein quand soudain, il nous semble entendre du haut des gradins, un jeune homme chanter a cappella... Une fine silhouette se détache, on aperçoit une barbe ornant le visage souriant... pas de doute, c'est bien Gruff Rhys. Élégant, comme à son habitude, il saute sur la scène, nous souffle un « Bonsoir » de sa voix rocailleuse et de son accent si étrange puis nous transporte sans attendre dans son Hotel Shampoo.

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Il est ce soir seul sur scène, contrairement à sa dernière prestation au Café de la Danse. Une simple chaise et, derrière, une table où sont disposés ses multiples instruments, vieux vinyles, claviers d'enfants et autres jouets capables, entre les mains du Gallois, de devenir un étonnant moyen de revisiter sa musique. L'univers de Gruff Rhys, foisonnant, débordant de folie et de créativité, est aujourd'hui représenté dans son plus simple appareil et il va réussir à mener de front l'intégralité des instruments et du chant.
Il ne semble pas le moins du monde effrayé par la chose, bien au contraire. Il place, sur sa vieille platine, un 45 tours constitué de chants d'oiseaux et entame une première partie de set à la guitare. Sa voix est d'emblée très justement placée et un Sophie Softly suivi de Honey All Over nous laissent présager ce que pourra être la soirée. Bien entendu, la suite nous donne tort puisque le Gallois aime à se laisser entraîner dans sa folie du moment et il semble qu'en ce samedi, il n'a pas l'intention de se brider.

Nous assistons à un florilège de vieux titres inconnus, du rock chrétien au groupe norvégien en passant par des sifflements d'oiseaux et autres morceaux new age. Néanmoins, Gruff Rhys n'est pas seulement DJ ce soir, loin s'en faut. Il nous propose Hotel Shampoo en quasi intégralité mais dans des versions totalement inédites : le fait que tout se fasse en solo permet à l'artiste de laisser libre court à son imagination. Il sample sa voix, sa batterie d'enfant, ses synthétiseurs à trois francs six sous et le plus surprenant, c'est que le résultat est toujours saisissant. Il doit faire face aux déconvenues du live, notamment quand les piles de son synthétiseur rendent l'âme. Peu importe, il nous diffuse un titre intitulé He, qui vante les grandeurs de Jésus et revient en faisant le pitre, pour ensuite reprendre son aventure musicale d'un soir.

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Foncièrement différent de son précédent concert pour la sortie du dernier album, cette soirée risque d'avoir écorché les oreilles des spectateurs ayant découvert Gruff Rhys par hasard en feuilletant le Télérama. Aujourd'hui, il se fait plaisir, fait du bruit, part dans ses délires musicaux et semble résolu à aller le plus loin possible. La seconde partie du set sera donc plus électrique sans toutefois faire abstraction de la musicalité qu'on lui connaît. Nous découvrons alors un morceau chanté en gallois, des passages hurlés telle une bête féroce ou encore de longues plages instrumentales.

Pendant plus d'une heure trente, nous avons partagé l'esprit tordu de Gruff Rhys. Nous l'avons suivi dans ses aventures rocambolesques, dans ses présentations farfelues. Un panneau « Bonsoir », suivi d'un « Merci » et c'est déjà terminé. Difficile de retranscrire un tel set tant les choses se bousculent et se superposent, pour le plus grand plaisir de tous.