logo SOV

My Fat Pony
Dea Matrona
Body Horror
Martial Arts

Paris, Supersonic - 27 juin 2024

Live-report par Jean-Christophe Gé

Bookmark and Share
Nous voilà à la vingtième soirée They're Gonna Be Big du Supersonic à Paris. Nous avons vu tellement de futurs grands artistes dans cette salle que cela pourrait tout aussi bien être la deux-millième. Mais ce soir tous les invités ont en commun de donner leur premier concert dans la capitale, voire en France, voire en dehors du Royaume-Uni comme c'est le cas pour My Fat Pony.


Les londoniens ne cachent pas leur joie, ils sont tout sourires, et dans leurs T-shirts colorés avec le nom de chacun des membres ils ont l'air déterminés à partager leur bonne humeur, un peu comme les animateurs d'un club pour gamins turbulents. Quand Kate attrape sa trompette, ça promet d'être un minimum original et il est vrai que sans elle, cela aurait beaucoup ressemblé aux Buzzcocks. Leur pop presque punk est soutenue par deux guitares plus mélodiques que distordues, mais la trompette apporte une touche joyeuse et franchement entraînante.
Il fait beau aujourd'hui à Paris, et cette musique positive sans avoir la vulgarité d'être festive donne plus d'espoir que le punk dépressif, que j'apprécie beaucoup par ailleurs. A mesure que le set avance, la trompette prend plus d'importance, tenant presque le rôle de lead guitare pour porter la mélodie. Sur The Universe... Kate tient son instrument de la main droite pour jouer du synthé de la main gauche et double ainsi le support mélodique. Occupant le milieu de la scène, son jeu est essentiel, mais ne doit rien enlever au reste du groupe qui fonctionne en parfait accord.
Avant le dernier morceau, une voix off annonce que celui-ci requiert un changement de costume... Et voilà que tous les membres du groupe se retrouvent avec des lunettes de soleil, de circonstance. Le set était relevé, les chansons entrainantes, et toute la salle semble avoir passé un très bon moment.

Are they Gonna Be Big ? C'est tout à fait possible, l'optimisme de My Fat Pony fait du bien et serait parfait pour un revival pop, sans compter qu'ils mettront une très bonne ambiance sur les plus grandes scènes des festivals.


Changement d'ambiance avec Martial Arts qui nous ramènent vers un post-punk plus classique. Avec trois guitares et une basse, ça joue un peu des coudes sur la scène du Supersonic, mais ça a de la gueule quand le groupe joue bien aligné, poussé par le batteur et face au public. Le jeu est tendu et les sons distordus pour un rock sombre et intense. Même en n'ayant publié que deux morceaux, le groupe est parfaitement en place. C'est classique et bien fait, je rentre vite dans le set que j'ai l'impression de déjà connaître. L'air de rien, au milieu de tous ces guitaristes, le bassiste développe un son assez intéressant, qu'il joue aux doigts ou avec un archer.
Les Mancuniens enchaînent les titres sans pause et sans blague, ils ne sont pas là pour rigoler. Le chanteur finit le dernier titre accroupi dans le public pour lancer un pogo final. Le set est aussi passé très vite et, tout comme leurs prédécesseurs, ils n'ont pas d'EP à vendre, mais des t-shirts seront proposés.

Are they Gonna Be Big ? Le style de Martial Arts est classique, il faut encore qu'ils arrivent à canaliser leur énergie comme The Murder Capital l'ont fait juste avant eux.


L'atmosphère s'assombrit encore un peu avec Body Horror. Exception faite du bassiste qui arbore un pull jacquard sans manche, les membres du groupe ont chacun un look quelconque mais ensemble ils dégagent une personnalité propre et dégagent un certain charisme avant même d'avoir joué une note. Justement, quand la musique commence, c'est par une intro électro-bruitiste, des boîtes à rythmes et la batterie, ils ne sont pas non plus là pour rigoler. Dès le premier couplet le chanteur est en transe et son manche de guitare se balance dangereusement vers le premier rang. Après un premier titre en forme de manifeste electro rock, il nous annonce un nouveau morceau. Avec trois titres sur les plateformes de streaming, et comme c'est leur premier passage chez nous, cela ne fait pas vraiment la différence, mais je n'en reste pas moins curieux.
Le chant est rageux et habité comme celui des écossais de Humour, la danse exagérée comme celle de Fat Boy Slim ou Moby dans les années 90s. Ce mélange d'électro et de riffs tranchants sur une rythmique froide marche très bien. Nous ne sommes plus dans le post-punk mais dans le post apocalypse sauce The Prodigy : si nous y survivons, ça vaudra la peine d'être vécu. En quelques titres, Body Horror ont construit un set bien perché. Pour le dernier morceau, le chanteur jette sa guitare sur le sol et donne des petits coups de semelle pour la faire sonner comme on enclenche une pédale. La descente va être difficile.

Are they Gonna Be Big ? Body Horror jouent sans concessions et leur style est exigeant, ça ne va donc pas être simple. Mais s'ils deviennent énormes, ce sera une excellente nouvelle, pour eux bien sûr, mais aussi un signal fort de renouvellement après les années post-punk. Faire la BO du prochain Mad Max, ou réussir à attirer les fans de rap rageux, mais danseurs, sont des pistes à explorer.


La soirée aurait pu s'arrêter là pour moi, mais il y a encore un dernier groupe de Belfast, le duo Dea Matrona. Ce sont les seules ce soir à avoir déjà publié un album, et à jouer un style plus pop folk. Elles sont fans de Sheryl Crow et sont encore sur un nuage d'avoir ouvert pour elle quelques jours plus tôt. Dans une semaine, c'est avant Shania Twain qu'elles joueront à Londres. Elles ont commencé adolescentes en jouant dans la rue tous les week-ends. Le set est extrêmement bien rodé, le guitariste, un rien poseur, et elles affichent un sourire hollywoodien qui fait des ravages sur Instagram et TikTok où elles ont déjà autour de 100 000 abonnés. Mais à force de dire "Alright", et "Let's go", je finis par suivre leur conseil, laissant ma place à un public qui appréciera davantage le genre.

Are they Gonna Be Big ? Je n'en saurai rien un peu comme ces groupes qui font le Zénith et dont je n'ai pourtant jamais entendu parler. Mais cette fois je pourrai dire que j'étais au premier concert parisien de Dea Matrona.

setlist
    My Fat Pony
    Pick It Back Up
    Bedhead
    Darcy
    The Universe...
    Gary
    Waiting
    55 Cancri Lane
    John Woo

    Martial Arts
    Warsaw
    Beneath The Canopy
    The New House
    Defector
    Golden Gate
    Triumph
    Self Portrait

    Body Horror
    Non disponible

    Dea Matrona
    Intro
    Stamp On It
    Get My Mind Off
    Stuck on You
    Did Nobody Ever Love You?
    KISS
    Wilderness
    Nobody's Child
    So Damn Dangerous
    Oh Well
    Red Button
photos du concert
    Du même artiste