C'est devenu un rituel, presque un pèlerinage : l'automne marque la venue de The Wedding Present en France. Cette année, pourtant, pas de célébration des vingt-cinq ou trente ans d'un album culte. La bande de David Gedge est venue fêter quelque chose de plus grand encore : ses quatre décennies d'existence. Autant dire que les 430 spectateurs de Petit Bain avaient rendez-vous avec un concert un peu particulier.

La date affiche complet depuis longtemps, et malgré la pluie qui fouette les quais, inutile d'arriver en retard : à 19h22 tapantes, les Gallois de
The Tubs ouvrent les hostilités. La salle est encore clairsemée lorsqu'ils montent sur scène, mais leur indie-pop joyeuse et efficace accroche rapidement l'oreille. Entre deux titres, les musiciens se plaisent à raconter des anecdotes farfelues, que ce soit à propos de bisous (en français) ou de la série Emily in Paris. Avec déjà deux albums au compteur, ils disposent d'un répertoire solide pour donner un concert; leurs morceaux fonctionnent plutôt bien en live, même si la voix du chanteur rappelle parfois celle de Bob Mould, contrastant un peu avec le son plutôt britannique du groupe. Quarante minutes bien menées, appréciées par ceux déjà présents.

Mais le public est venu pour
The Wedding Present, et au moment où la première partie s'achève, Petit Bain est plein à craquer. L'événement est filmé – signe peut-être d'une future sortie vidéo. À 20h35, les quatre musiciens entrent sur scène sur la version extended de
Quick Before It Melts de Cinerama. Dans une lumière rouge sang, ils attaquent avec un inédit,
Two For The Road, extrait d'un six-titres,
Maxi, à paraître le 5 décembre. Le morceau, efficace et doté d'une seconde partie particulièrement percutante, constitue une entrée en la matière idéale pour un concert. David Gedge, vêtu de noir comme toujours, lance un "Merci, bonsoir. C'est sympa de se retrouver à Paris au milieu de la Seine !", rappelant à cette occasion les précédents passages dans cette salle. Cette tournée accompagne donc la parution de
40, un coffret de quarante morceaux retraçant la carrière du groupe sur cinq vinyles ou quatre CD. Le concert fonctionne sur le principe d'une chronologie inversée de la discographie du groupe, remontant progressivement le fil du temps. Après
I Am Not Going To Fall In Love With You et son riff typiquement Weddoes, et
Rachel, clin d'œil au prénom de la nouvelle guitariste, le ton est donné. Le groupe est heureux d'être là, et ça s'entend.
Deer Caught In The Headlights, extrait de
Valentina, bascule d'une intro noise menée par David Gedge à une explosion rythmique où les deux guitaristes se font face, parallèlement au public. Suivent
Don't Take Me Home Until I'm Drunk puis une version brute et intense de
Interstate 5, tiré de
Take Fountain (publié en France par Talitres en 2005). David Gedge remercie une audience particulièrement réceptive – il faut dire que le public, conquis d'avance, est vraiment ravi de la prestation de cette mouture 2025 du groupe. Les classiques de
The Hit Parade, très populaire en France, viennent ensuite :
Blue Eyes (que David Gedge reconnaît assez difficile à jouer en live) puis
Flying Saucer, irrésistible avec sa touche krautrock. On connait l'humour du Britannique, cela ne manque pas lorsqu'il précise qu'il n'est pas le meilleur guitariste au monde, mais il ajoute ne pas être mauvais non plus. Ce qui ne manque pas de faire rire la salle. Sur
Corduroy, il se lâche sur sa guitare comme jamais.
Dalliance enchaîné au rageur et sexy
Dare embrase littéralement le Petit Bain. Et la montée continue :
Brassneck puis l'intemporelle
Kennedy rappellent combien
Bizarro reste un disque sans la moindre ride, trente-six ans après sa sortie.
La fin approche déjà. Les titres de
George Best s'enchaînent, dont l'immense
My Favourite Dress et le premier single du groupe avec lequel tout a commencé, l'hyper électrique
Go Out And Get 'Em Boy!, viennent clôturer une heure et quarante minutes d'un concert intense et fort en décibels. Comme à leur habitude, The Wedding Present ne font pas de rappel, mais David Gedge a déjà annoncé une tournée anniversaire pour les trente-cinq ans de
Seamonsters l'an prochain. Nous y serons !