Septembre

Septembre (et non September) n‘est autre que le nouveau groupe de Terry Abbott, leader et chanteur charismatique déjà largement aperçu au sein des regrettés Vex Red. Il ne lui aura finalement fallu que très peu de temps pour revenir sur le devant de la scène. Début 2003, il ne peut résister à l’appel de celui que les anglophones ont baptisé «the legendary producer» Ross Robinson (ATDI, Slipknot, Korn, The Cure et … Vex Red), et s’envole immédiatement pour Los Angeles. De cette collaboration au Venice Beach Studio, ressortira une quinzaine de titres, de quoi déjà faire tout un album (déjà annoncé !). Rule 3 : Conceal Your Intentions est, avec ses quatre morceaux, le premier extrait de ces sessions.

La comparaison avec Vex Red apparaît très vite comme inévitable, d’une part parce que le groupe d’Adelshot devait en grande partie sa réussite et son succès à son chanteur (le groupe n’était rien avant lui … et semble ne pas s’être remis de son départ), et d’autre part car si Septembre a été si vite, c’est parce qu’un certain nombre des titres avaient déjà été travaillé par Terry Abbott sous l’ère Vex Red. D’où une énorme similitude qui apparaît dès la première écoute (mais qui s’évapore quelque peu par la suite) avec les morceaux de l’excellent Start With A Strong And Persistent Desire.

Terry Abbott continue donc de construire ses chansons sous le même univers. Et si Septembre conserve ses racines métal, le nouveau combo va bien plus loin et sait explorer de nouveaux horizons, comme pour brouiller les pistes. Vex Red était une véritable réponse britannique à tout le raffut néométal archi formaté venu d’outre atlantique, dont les kids raffolent. Aujourd’hui Septembre reprend le flambeau de cette contre attaque (déjà bien amorcé par la vague émo des Hell is For Heroes, Hundred Reasons ...). D’ailleurs Ross Robinson n’avait il pas lui même souhaité travailler avec les anglais parce qu’il en avait marre des groupes américains ?

En revenant à un trio basse-guitare-batterie, Septembre simplifie la structure de ses chansons, qui se veut volontairement moins chargée. La voix de Terry Abbott, à mi chemin entre Daniel Johns (Silverchair) et Som Wardner (My Vitriol), est bien plus mise en avant et prend ainsi toute son ampleur, ayant priorité sur les riffs, qui n’abdiquent par pour autant avec de nombreux break de guitares.

Septembre sur son premier EP nous propose une musique sombre qui allie subtilement inquiétude, mal être et désespoir à la rage et l’énergie, que ce soit par les sons ou par les mots : « I don’t want to go on without love any more ». On sent un réel sentiment de fragilité dans le chant, une douleur qu’on n’arrive pas à extraire et qui s’exprime par les chœurs (Happy)

Le songwriting de Terry Abbott a visiblement pris désormais une nouvelle dimension. Plus émotive, et encore plus sombre. Cela se ressent du single I Am Weightless (qui sonne très … Vex Red) à la très calme et fragile [Face], en passant par la semi acoustique et hybride de mélancolie et de rage Always et Happy, titre entraînant aux accents et refrains pop.

Avec cet EP et leurs nouvelles compositions, Terry Abbott et son groupe Septembre peuvent prendre la route. Armé d’un allié aussi précieux que Ross Robinson on leur devine un avenir des plus dorés … à condition de ne pas refaire un Vex Red bis !