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Stereophonics

Paris, Zénith - 29 avril 2025

Live-report par Laetitia Mavrel

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Chaque année, nous disposons sur la période avril/juin d'une offre de concerts très riche, où les conflits d'agenda se succèdent. Notre métier n'étant pas le plus ingrat, la complainte serait de très mauvais goût, mais, en bon parisiens-têtes-de-chien que nous sommes, nous y allons sans aucune retenue. Ce mardi 29 avril nous oblige à choisir entre au minima quatre concerts très « Sound Of Violence compatibles ». Votre chroniqueuse fait alors le choix du risque zéro et coche l'une de ses nombreuses cases liées à ces jeunes années de primo-spectatrice de concert en retournant voir Stereophonics, toujours présents et actifs depuis 1997.

Il y a donc presque trente ans maintenant, nous vivions nos premières expériences dans une minuscule salle de banlieue parisienne en compagnie de Kelly Jones, Richard Jones et Stuart Cable, alors jeune trio venu du lointain Pays de Galles, dont nous ignorions tout si ce n'est son addiction au rugby et les Manic Street Preachers. Depuis lors, treize albums, des live et des compilations, accompagnés de quelques DVDs de concerts mémoriaux dans des stades. Le chemin parcouru par le groupe est phénoménal et surtout mérité tant nos amis ont commencé tout en bas de l'échelle.
Les fidèles lecteurs connaissent nos avis contrastés sur le répertoire du groupe, qui n'arrive pas à se détacher de cet aspect très « routinier » que peut prendre les compositions de Kelly Jones, mais sa voix et son talent indéniable de songwriter pop continuent de ravir une grande majorité de son public, remplissant toutes les salles que le groupe investit. A la suite de la sortie encore toute fraîche du treizième album Make 'em Laugh, Make 'em Cry, Make 'em Wait, le constat demeure. Voilà pourquoi nous persistons à nous rendre à chacun des concerts de Stereophonics tant nous connaissons la faculté de ces musiciens à être généreux et surtout, beaucoup plus rock et incisifs en live.

Rendez-vous nous est donc donné à Paris pour la première fois dans un Zénith, qui affiche complet. Le dernier passage du groupe s'étant fait en janvier 2020, l'attente a été longue pour les fans français. Le groupe réussit à maintenir une fanbase fidèle depuis toutes ces années et, n'ayons pas peur des mots, qui accuse une moyenne d'âge assez élevée. Pas de souci sur le principe si ce n'est que le public restera plutôt réservé tout au long des deux heures de show que nous offriront Kelly et sa bande. On s'amusera aussi à recenser nombre de fans venus en famille, avec un petit nombre d'enfants, voire de très jeunes enfants, ce qui, au-delà de nous coller un sacré coup de vieux, ne nous rassure pas sur l'intensité du show qui va avoir lieu. C'est cependant pour l'authenticité de Kelly Jones que nous y revenons, et ce soir le Gallois n'en manquera pas. Le concert est généreux avec vingt-et-un morceaux, offrant un panel plutôt large parmi les disques dont ils sont tirés.

Le show démarre avec Vegas Two Times, qui fait débuter dans une ambiance à grosses guitares, celles de Kelly Jones et Adam Zindani. Un Kelly Jones qui semble avoir pactisé avec on ne sait quelles forces obscures pour toujours apparaître tel qu'il était il y a vingt ans, physique et voix inclus. Sobre mais imposante, sa présence lui fait porter tout le concert (et de façon plus générale tout Stereophonics) sur ses épaules, pour le plus grand plaisir des présents. Accompagnés à nouveau de Tony Kirkham aux claviers et Gavin Fitzjohn aux cuivres et à la guitare acoustique additionnelle, c'est une formation au complet qui se présente sur scène. Alors que Richard Jones demeure toujours dans l'ombre, Jamie Morrison et son jeu fougueux à la batterie réussiront à voler la vedette au leader à de nombreuses reprises, et lors de solo remarquables, notamment sur Mr And Mrs Smith.

Kelly Jones s'adresse aux parisiens en retraçant le parcours qui les a menés de la Cigale au Bataclan, de l'Olympia au Stade de France (certes en première partie des Rolling Stones), il était donc temps que leurs valises se posent au Zénith. Malgré de très bons morceaux tels Have A Nice Day et Just Looking, le public tarde à s'ambiancer. On applaudit fort mais l'encéphalogramme reste relativement plat. Le concert commence à revêtir d'autres couleurs quand Kelly s'arme de sa guitare acoustique pour une interprétation en solo de You're My Star, que l'on n'avait pas entendu depuis plus de dix ans maintenant. Une parenthèse d'une grande solennité qui rappelle que Kelly Jones détient un incroyable talent pour transposer ses sentiments dans ses titres, et qu'il sait à merveille nous les retranscrire sur scène.

Il faut attendre la seconde moitié du set pour que l'ambiance décolle vraiment, surtout dans les gradins restés jusque-là impassibles. Les guitares se lâchent enfin sur Superman et on retient une excellente interprétation de Geronimo où Gavin Fitzjohn viendra se poster sur le devant de la scène au son de son saxophone flamboyant. Kelly choisit par la suite le ukulélé, cadeau offert par David Bowie lui-même lors d'une tournée en commun, pour jouer I Wouldn't Believe Your Radio et profite de l'occasion pour s'émerveiller du succès du groupe, encore une fois parti de nulle part (le Pays de Galle demeurant à grand tort trop souvent inconnu de tous). Une nouvelle parenthèse magique durant laquelle Kelly nous ensorcèle avec sa voix éraillée et profonde, pour ainsi entamer le dernier pan de concert qui va réussir à se faire lever une partie des gradins au son de A Thousand Trees, Hurry Up And Wait et de ce qui est maintenant l'hymne de Stereophonics, Dakota.

Disséminés de-ci de-là, trois morceaux extraits du dernier disque, dont ce qui apparaît comme notre single préféré car beaucoup plus affirmé, Seems Like You Don't Know Me. Traffic sera le seul autre morceaux issu de Word Gets Around, premier disque qui continue de culminer au firmament de leur œuvre, de quoi regretter un peu que cette nouvelle fournée n'ait pas été un peu plus audacieuse, pour aller piocher plus de raretés dans le très riche répertoire du groupe. Ce nouveau concert des Stereophonics est à l'image des albums : extrêmement carré et quasi parfait sur tous les points, pour satisfaire mais non surprendre les spectateurs.

Une démarche noble et que l'on accepte au vu de l'énorme popularité des gallois et du nombre important de fans qu'ils touchent dans le monde, mais pour les éternels perfectionnistes que nous sommes, qui plus est fidèles depuis cet été 1998 à Ris-Orangis, alors perdus entre un champs et un parking de zone industrielle, il demeure un espoir que Stereophonics s'émancipent du style bien trop sage qu'ils adoptent machinalement depuis de nombreuses années déjà, Kelly Jones sachant parfaitement démultiplier son charisme et celui de ses titres sur scène.
setlist
    Vegas Two Times
    I Wanna Get Lost With You
    Do Ya Feel My Love
    Have A Nice Day
    There's Always Gonna Be Something
    Just Looking
    Graffiti On The Train
    You're My Star
    Superman
    Geronimo
    Maybe Tomorrow
    Traffic
    Make It On Your Own
    Mr And Mrs Smith
    I Wouldn't Believe Your Radio
    Seems Like You Don't Know Me
    Fly Like An Eagle
    A Thousand Trees
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    C'est La Vie
    Hurry Up And Wait
    Dakota
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