Outl4w

Nouveaux venus de la scène anglaise bien qu’ils traînent leur guêtres depuis deux bonnes années dans les salles de concert de la perfide Albion, les fourteenagers de Outl4w déboulent, toutes griffes dehors, avec leur premier EP, Blame The Nation. Cette sorte de version punkoïde des Hanson, composée de trois frères et d’une pièce rapportée à la batterie, surfe sur la mode des groupes prépubères, initiée il y a quelques années par Inme. Le décor étant planté, c’est donc avec la plus grande des circonspections que nous entamons l’écoute du quatre-titres du quatuor déjà encensé par les medias qui dictent la tendance musicale outre-Manche.

Dès que le rouleau compresseur de la rythmique très primaire entre en action sur les premiers accords du titre du EP, et que, très rapidement, une voix asthmatique, relativement adulte, se prend à traîner, dans la plus pure tradition des groupes garage des années quatre-vingts, on ressent les prémisses d’une excitation. Serait-on enfin en présence, après quantité de déceptions, de la relève du punk légendaire et historique, attendue depuis tant d’années ? Outl4w incarnerait-il le renouveau du genre en réussissant à le transcender là où tant de formations se sont cassé les dents (notons, à titre d’exemple, la tentative récente et vaine de Louie) ? Ainsi Blame The Nation donne des signes très encourageants, s’imposant comme une chanson quasi parfaite, à la construction sans faille, avec le zest de fantaisie nécessaire et un solo limpide. Aurait-on trouvé les dignes successeurs des mythiques UK Subs ?

Rien n’est moins sûr car on déchante rapidement, dès l’écoute du second morceau, le plus-conventionnel-et-ennuyeux-tu-meurs, Hyena, dénué de toute once d’inspiration, tout droit sorti des sessions du fond de la cuisine non exploitées des Exploited. Et on ne cesse de sombrer dans l’indigence musicale avec IOM, une brûlot brouillon à l’insipidité rare que l’on avale comme une pilule de jouvence au goût amer. Bref, il faut attendre l’introduction de Sonic Youth, l’ultime chanson, pour reprendre espoir et retrouver, outre une production et une instrumentation percutantes, une mélodie qui a du sens et qui fait preuve d’originalité.

Si le EP ne séduit pas dans sa totalité, on se serait volontiers satisfait d’un single regroupant les première et quatrième chansons, il apparaît avec évidence que Outl4w est un jeune groupe à la fois prometteur et porteur d’un certain potentiel, bien qu’il doive, toutefois, contrairement à l’avis, toujours trop enthousiaste, des découvreurs de talents à la mode, faire ses preuves dans les mois à venir.