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Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 28 avril 2025

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En quelques années, le groupe bdrmm s'est imposé comme un acteur incontournable de la scène rock britannique. Si leur dernier album, Microtonic, se teinte de sonorités électroniques, cela n'enlève rien à la puissance du groupe, notamment sur scène, où leurs performances sont toujours excellentes. Après un premier rendez-vous manqué juste avant le concert au Trabendo, nous retrouvons Ryan Smith - et Conor Murray en invité surprise - pour une petite discussion backstage très plaisante. Retour sur cette rencontre.

Lors de votre passage à Paris au Petit Bain en février 2024, Joe Vickers nous avait confié que votre troisième album était déjà en préparation. Saviez-vous déjà à ce moment-là que vous alliez prendre cette direction plus électronique ?

Ryan Smith : Je ne suis pas sûr qu'on l'avait vraiment décidé à ce moment-là. En fait, on a toujours été attirés par l'électro, même depuis notre premier album. On en écoute beaucoup, donc c'était logique que ça se reflète dans notre musique. Notre deuxième album, c'était un peu une tentative en ce sens, mais peut-être qu'on ne maîtrisait pas encore tout à fait. Avec Microtonic, on s'est sentis beaucoup plus à l'aise pour poser nos guitares et tenter autre chose. Personnellement, j'écoute bien plus de musique électronique que de groupes à guitares aujourd'hui.

Le choix de John On The Ceiling comme premier extrait de l'album était assez audacieux. Ce morceau très électronique a du en surprendre plus d'un. Était-ce une volonté de bousculer votre public ?

Ryan Smith : Pas vraiment pour surprendre, non. Mais une fois l'album terminé, on s'est dit que, oui, les gens allaient probablement être étonnés. On ne cherche pas à coller à un genre en particulier , bdrmm c'est juste tout ce qu'on aime jouer et écouter. John On The Ceiling, en tant que premier single, c'est vrai que c'était un choix audacieux. Il y a des titres plus forts sur l'album selon moi, comme Snares, mais sortir celui-là en premier aurait été trop radical. Infinity Peaking a un côté plus familier. John On The Ceiling a donc servi un peu de nettoyeur. Le choix des singles, c'est toujours délicat, parce que ce que tu veux montrer de ton univers ne correspond pas forcément à ce que les gens s'attendent à entendre.

Le morceau d'ouverture de l'album, Goit, est très sombre et intrigant. Peux-tu nous parler de cette collaboration avec Working Men's Club ?

Ryan Smith : J'ai écrit ce morceau il y a deux ans, c'était à la base une sorte de jam techno de huit minutes. Je l'ai envoyé à notre producteur, Alex Greaves, mais on l'a mis de côté. Puis, en bossant sur Microtonic, on cherchait une intro... et là je me suis dit : « Pourquoi pas Goit ? ». On a commencé à bosser dessus, mais j'ai senti qu'il manquait quelque chose. J'ai pensé à Working Men's Club, et particulièrement à Sydney Minsky-Sargeant. Il a ce talent fou pour écrire sur des thèmes dystopiques, sombres. Je trouvais ça plus marquant que ce soit lui qui ouvre l'album vocalement. La collaboration, c'est super stimulant pour nous — ça amène une énergie nouvelle.

L'album, dans son ensemble, est plus sombre que vos précédents. Était-ce intentionnel ou est-ce venu naturellement en composant ?

Ryan Smith : Je dirais que c'est venu naturellement. J'adore les ambiances froides et industrielles, j'écoute beaucoup de techno et de sons très bruts. Et quand tu utilises des machines comme le MS-20, avec tous ces filtres glacés, ça donne un ton très particulier. Ce n'était pas prémédité mais, au final, cette froideur colle bien à ce qu'on voulait transmettre.

Le titre Microtonic me rappelle un peu Mogwai. Est-ce une forme de clin d'œil au fait que vous soyez signés chez Rock Action Records, leur label ?

Ryan Smith : Disons qu'on a beaucoup été influencés par eux pendant la période entre notre tournée commune et l'écriture de l'album. Certains morceaux que nous avons composés sonnaient très Mogwai. On les adorait, mais on s'est dit qu'on ne pouvait pas juste sortir ça comme ça. On ne voulait pas que les gens pensent qu'on les copiait. Cela dit, tourner avec eux nous a énormément appris. Pas seulement musicalement, mais humainement. Ils ont une humilité rare. Beaucoup confondent succès et égo, eux non. Ça nous a vraiment inspirés.

Clarkycat, qui enchaîne directement après Microtonic, tranche vraiment... D'où vient cette idée ?

Ryan Smith : J'écoutais beaucoup Clark à ce moment-là, surtout son album avec Thom Yorke. Je pense que je l'ai un peu « volé », mais bon disons plutôt que j'ai été très influencé (rires)! J'ai voulu écrire un morceau dans cet esprit, puis j'ai tenté de trouver un nom qui fasse clin d'œil sans être trop évident. Je suis aussi fan de Brass Eye, une émission satirique de Chris Morris. Ça m'a beaucoup inspiré, cette manière de pousser l'absurde jusqu'à la critique sociale.

Le titre Microtonic, justement, d'où vient-il ?

Conor Murray : C'est une histoire un peu débile, mais voilà : Ryan et moi étions au festival SXSW, et on est tombés sur une boutique kitsch qui vendait des produits inspirés du folklore cowboy. L'un d'eux s'appelait « Microtonic » et c'était censé faire repousser les cheveux ! On a trouvé ça hilarant, et le nom est resté (Rires).

On entend moins de guitares et plus de synthés sur ce nouveau disque. Quel est le rôle de Joe dans tout ça ? Il s'est mis aux machines ?

Ryan Smith : Oui, il joue du synthé maintenant.

Et ça lui plait ?

Ryan Smith : Disons qu'au début, il râlait un peu en disant « Trop de boutons ! » (rires). Mais aujourd'hui, il adore ça. Ce fut une révélation, en quelque sorte.

Il n'y a pas eu de remixes ou d'EP autour de l'album pour l'instant. Il y a quelque chose de prévu ?

Ryan Smith : On y pense. Trouver un bon DJ, ce n'est pas évident en ce moment. Mais on a des idées. Il y aura probablement quelque chose d'ici quatre mois.
Conor Murray : Tu tiens une exclu, là !

Votre intro de concert, c'est Angel de Massive Attack. C'est un groupe qui vous influence ?

Ryan Smith : Tout à fait ! Je les ai vus l'an dernier, c'était incroyable. Ils jouent bientôt à Manchester, j'ai hâte d'y retourner. Ce qu'ils font, ce mélange des genres, cette pureté... C'est un autre niveau. Ils sont essentiels.

L'année prochaine, bdrmm fêtera ses 10 ans. Vous réalisez ?

Ryan Smith : Oh bordel ! (Il met la tête dans le frigo) Dix ans ?! C'est fou. Allez, tu sais quoi ? L'an prochain, on sort dix singles. C'est promis !