Tubelord

Après avoir créé la sensation pendant deux bonnes années, émaillées d'une poignée de singles et d'un premier album de facture honnête, le désormais quatuor fait peau neuve et prend un nouveau départ. En effet, leur math-rock vaguement intello, aux vagues relents primitifs, est rangé au placard au profit d'harmonies qui gagnent en subtilité et en maturité.

Si le combo continue d'entretenir le mystère avec un titre d'EP imprononçable, il s'affranchit les limites qu'il s'imposait dans les réalisations précédentes, en vue de proposer une véritable profondeur dans l'atmosphère des nouvelles compositions. Pour preuve, le très progressif et intimiste Arbour, dont les premières mesures ne sont pas sans évoquer Cyclefly ou plutôt Mako pour sa version acoustique. Ainsi, grâce, peut-être à une instrumentation plus riche et une sérénité acquise avec l'expérience, la formation déroule ses mélodies à la fois évidentes et poignantes, à l'image du somptueux Ratchet qui coule véritablement de source.

Cette fluidité nouvelle et jubilatoire se voit confirmée par l'ultime titre de l'EP, à savoir le plus musclé et sombre Bazel, lequel puise plus ses références du côté de Sucioperro. Aussi nous est dévoilée une facette plus violente où la rythmique se fait syncopée et les guitares acérées, voire hystériques, sans que le chant, toujours détaché, ne s'emballe véritablement. Sans omettre une fin de chanson en apothéose que l'on avait plus entendue depuis des lustres et qui, de fait, ravit nos oreilles engourdies.

Avec Tezcatlipoca, ce Tubelord seconde mouture fait la démonstration du large éventail de son talent musical, nous offrant tour à tour une bluette émouvante et personnelle, une envolée onirique toute en finesse et un brûlot implacable en guise de clôture. C'est donc avec une certaine impatience qu'on attend la parution du second album, prévue pour l'année prochaine.