Johnny Marr

Entre les sorties récentes d'artistes tels Peter Hook, Martin Gore, Dave Gahan, l'album d'Erasure l'an dernier, d'aucuns se diront qu'une espèce de coordination des vieux de la vieille se met en place et s'accorde pour ne pas laisser le champ libre aux plus jeunes. Remarque qui devrait d'autant plus désemparer les fans forcément désabusés des Cure, mais voici une tout autre histoire.

Pour autant ces derniers pourront peut-être se consoler tant soit peu avec la sortie d'un nouvel EP de Johnny Marr, l'emblématique guitariste du non moins emblématique groupe The Smiths. On avait laissé l'artiste en 2018 avec l'excellent Call The Comet. Le silence depuis avait été seulement rompu par la sortie de singles dont le superbe Armatopia. Celui-ci confirmait la réorientation de Call The Comet vers une substance plus ronde et plus électronique que ce que le guitariste avait pu nous servir depuis 2013 et son premier album solo.

Visiblement il n'était pas question d'une simple parenthèse puisque Fever Dreams Pt 1 est du même tonneau. On parlera uniquement de tendance puisqu'avec Ariel, morceau assez épuré, Johnny Marr garde en ligne de mire des fondamentaux dont il ne s'écarte jamais véritablement. Que cette orientation satisfasse ou pas les fans, jamais on ne peut reprocher une production trop présente au détriment de la mélodie.

Bien sûr certains d'entre vous seront interpellés par le son extrêmement travaillé et modelé comme sur Spirit, Power And Soul. D'accord, ces bridges aux relents Pet Shop Boys peuvent surprendre, mais le thème du morceau est accrocheur et tape dans le mille. Ce titre dans la lignée d'Armatopia vous fauche littéralement par son refrain aguicheur et son assise électro. Il y a en même temps quelque chose qui fleure bon les années 80, sans que vous soyez confinés dans un carcan vieillot sans âme ou désuet. Mais pour sûr, il y a décidément toujours un peu des Smiths dans les compositions de l'anglais.

Johnny Marr a cette étincelle pour trouver le juste ton et vous toucher. À ce titre, l'excellent All These Days est le morceau idoine, et s'inscrit désormais comme un classique. Émotionnellement chargé de mélancolie, mais résolument optimiste, All These Days concentre ce que Johnny Marr a de meilleur dans son talent de songwriter.
Si Receiver apparaît un brin moins inspiré sur tous les points mentionnés supra, vous avez tout de même ici quatre morceaux d'excellentes factures qui promettent une suite des plus alléchantes, puisque ce Fever Dreams va se décliner en quatre parties. Il vous faudra juste un peu de patience.