Divorce

Le divorce n'est pas toujours une mauvaise chose. Que les couples partagent leur vie depuis longtemps ou que leur idylle soit récente, ils n'envisagent pas forcément le divorce comme un échec. Certains préfèrent se séparer plutôt que de persister dans une relation qui ne fonctionne plus, par peur du regard des autres ou du changement, ce qui peut être une sage décision. Pour certains, le divorce peut même être l'occasion d'une fête, comme en témoigne la tendance des « divorce party » venue des États-Unis, bien que cette coutume n'ait pas su franchir les frontières françaises aussi facilement que la « baby shower ». C'est dans cet élan que semble s'inscrire le side-project et super groupe DIVORCE après une année 2023 plus que radieuse. Avec une tournée britannique complète prévue cet automne, précédée d'une série de concerts de soutien aux côtés de Willie J. Healey, la réputation naissante du quatuor sur scène a certainement attiré beaucoup d'attention au cours des douze derniers mois, suscitant notamment la curiosité de Gravity/EMI. C'est sur ce nouveau label que sort, ce 17 novembre, un second EP sobrement intitulé Heady Metal, pratiquement un an jour pour jour après la sortie de Get Mean.

Produit par Matt Peel (Dream Wife, Eagulls, Pulled Apart By Horses) et mixé par la productrice Catherine Marks (Foals, The Killers, Wolf Alice), nommée aux Grammy Awards, Heady Metal montre le talent du groupe pour explorer les notions d'identité et de vulnérabilité à travers des mélodies complexes d'alt-country et des récits plus simples, s'éloignant ainsi de la galerie de personnages dépeints dans Get Mean. Si DIVORCE avaient principalement opté pour un genre folk, rappelant Big Thief, à ses débuts, ils explorent aujourd'hui indéniablement de nouveaux horizons, comme en témoigne le single Scratch Your Metal, premier extrait révélé de ce nouvel EP. Soutenu par une section rythmique serrée, le titre se déploie patiemment, dévoilant ses couches complexes de son, de texture et d'harmonie vocale.


De Sex On The Millennium Bridge à Birds, les autres pistes de cet EP semblent suivre le même schéma. Les couplets sont étroits, sachant qu'au coin de la rue attend un refrain aussi héroïque et addictif que n'importe quel classique d'indie rock. Pour ce faire, ce nouvel effort témoigne d'une collaboration plus étroite que jamais entre ses deux interprètes, Tiger Cohen-Towell et Felix Mackenzie-Barrow. Les voix principales chantées à l'unisson fonctionnent aussi bien que les harmonies qui ont contribué à la renommée du groupe. Les textes révèlent l'équilibre unique entre humour et mélancolie de leurs auteurs, leur signification étant suffisamment vague pour que chacun puisse les interpréter à sa manière.

Eat My Words accueille les complexités de l'émotion (douleur, soulagement, réconfort...) et la capacité de DIVORCE à accepter, à réfléchir et à travailler dans le paysage cahoteux de l'imparfait : « La chanson examine mes réponses émotionnelles aux situations dans lesquelles je me suis senti mal à l'aise ; Et où j'ai quitté ces situations avec des frustrations à propos des choses non dites, parfois pour le mieux, parfois non », explique Felix Mackenzie-Barrow. Un sentiment de résilience porté par une instrumentation impeccablement produite avec un son chaud agréable, au rythme d'une batterie modeste mais essentielle.


Heady Metal poursuit la tradition de DIVORCE en juxtaposant les paroles et la mélodie de manière amusante et intéressante : les tendances roots rock des six titres peuvent sembler paisibles et charmantes, mais la tension et la libération qui se cachent en sous-couche deviennent de plus en plus difficiles à contenir au sein des harmonies vocales débridées de Mackenzie-Barrow et Cohen-Towell. On attend maintenant avec impatience le premier bébé de cette famille recomposée pour connaître définitivement le destin de ce projet prometteur.