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Divorce

Paris, Le Hasard Ludique - 25 avril 2025

Live-report par Adonis Didier

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Drive To Goldenhammer, conduire jusqu’au Marteau d’or, le premier album de Divorce qui, dans sa quête de l’impossible, fait une escale à Paris, car n’en déplaise aux lyonnais et aux toulousains, toutes les routes mènent à Paris et même celles qui ne mènent nulle part. L’un des albums sensation de ce début d’année, sorti par un groupe dont la direction semble s’affirmer vers une pop-americana teintée des relents grungy de leurs premières productions, et qui, après un passage aux soirées Avant-Garde du Pitchfork Music Festival en novembre dernier, revient se produire pour la première fois en tête d’affiche à Paris, dans l’ancienne gare reconvertie de la petite ceinture, le Hasard Ludique.

Tchou tchou, le train va partir mais LaFrange est là pour ramener tout le monde dans la salle. Une musicienne française de folk lent et aérien chanté en anglais, et qui ce soir sera en guitare-voix secondée par un claviériste pour présenter son premier album nobody else will ever see me naked. Un moment simple et touchant servi par une artiste drôle et attachante : on n’en demandait pas tant et on est pour une fois ravi d’être arrivé en avance sur le quai. Et alors que Simone, la voix de la SNCF, annonce l’entrée en gare imminente du TGV Divorce, les écrans se brouillent et crépitent, les cristaux liquides se choquent et s’agitent, avant que l’image ne se fige sur une seule et unique destination, la dernière destination de votre vie : Goldenhammer.


Quid d’un concept métaphysique ou d’un bled paumé en Norvège, le mystère restera entier alors que rentrent sur la scène Tiger, Felix, Adam, et Kasper, un quatuor dont le nom est la fin du mariage, mais qui s’apprête à ouvrir sa première tête d’affiche parisienne sur une chanson qui mériterait de remonter l’autel : Fever Pitch. Enfin du moment qu’on ne regarde pas les paroles de trop près, une dualité de l’amour qui balance entre les tendres harmonies vocales du duo de tête et les éclairs hurlés par Tiger Cohen-Powell, la frontwoman évidente du groupe, une bassiste et un charisme magnétique contenu sous des cheveux courts et un gilet en jean de camionneuse. Une présence et une expressivité qui se déchaînent de plus belle sur le tube ultra-dansant All My Freaks, avant que son duo avec Felix McKenzie-Barrow n’emporte la grungy Gears dans un ciel d’orage terrible et sublime, une chappe de nuages noirs qui s’amoncellent et finissent par exploser sur Karen : Tiger hurle à un mètre cinquante de son micro, le tonnerre gronde d’un commun effort et de toutes parts le ciel nous tombe sur la tête.

Par Toutatis, ils n’avaient donc pas menti, ce Jet Show va nous faire fondre le visage, nous aimer à bras ouverts, nous embrasser les yeux ouverts, et pendant que le ciel décharge ses derniers éclairs, le public crie et le photographe collé à la scène hurle toutes les paroles qui traversent son objectif. Une tempête suivie d’une accalmie, le temps d’une petite sieste à l’ombre de Parachuter avant de reprendre la route dans la magnificence d’Antarctica, la plus belle chanson du dernier album diraient certains. Adam Peter Smith passe le crin de l’archet sur ses cordes, Tiger, Felix, et Kasper se fondent dans l’asphalte et poussent jusqu’à la banquise, le bleu des lumières gèle les doigts et l’étreinte de leurs voix brûle le cœur, ce cœur qui avait oublié comment on aime et qui ne pourra désormais plus s’arrêter d’aimer. Mais la route n’est pas toujours aussi belle ni facile, alors Tiger nous raconte entre deux chansons comment leur van passe son temps à tomber en panne, qu’ils ont failli ne pas arriver ce soir, que les temps sont durs et que si le public peut acheter du merchandising cela leur ferait vraiment du bien, et en plus il y a vraiment de tout.


De tout comme des chaussettes, cinq designs de t-shirt différents, des pin’s, évidemment des vinyles, des photos, et dans le doute demandez autre chose, ils l'auront probablement aussi. Des vinyles comme celui de leur dernier EP Heady Metal, le plus joué des deux ce soir, dont l’aventure débute par Sex & The Millennium Bridge et s’interrompra pour parler identité de genre avec Pill, après un petit speech de Tiger sur la situation au Royaume-Uni depuis que la Cour Suprême britannique a jugé qu’une femme est une femme basé sur son sexe biologique et non son genre. Bref, J.K. Rowling p*tasse. Vient maintenant Scratch Your Metal, Tiger pose la basse et laisse ses cordes vocales sur la scène, pour s’imposer dans un déchaînement passionnel comme l’une des frontwomen les plus badass d’Angleterre, et dieu que la concurrence est rude. Alors merci pour ça, merci pour avoir fait voter le public et prouvé que tout le monde préfère les pains au chocolat aux croissants, et merci pour Mercy, car si toutes les ballades de fin d’album étaient aussi belles, eh bien le monde serait probablement toujours pareil, mais au moins on aurait plus de magnifiques ballades de fin d’album. De fin d‘album mais pas de fin de concert, et c’est Checking Out qui se chargera de ça, « si vous avez toujours rêvé de devenir un cowboy, la prochaine est faite pour vous ! », bienvenue dans le tout premier EP de Divorce, terminé a capella sous les applaudissements rythmés d’une foule aux anges, une foule qui en veut et qui en veut toujours plus.

Et plus il y aura : voici une nouvelle chanson sur le fait d’être gay, Lord pardonne-moi, je suis un hippocampe et j’ai besoin d’un sucre, juste besoin d’un petit sucre, et si vous n’avez pas compris ne comptez pas sur moi pour vous faire un dessin. Et puis d’un hippocampe on redevient des cowboys, Hangman sera la vraie dernière de la soirée : retour à la country, retour au far west de l’amour, tout le monde chante en chœur et le public hurle, parce que Divorce c’est mieux que les petits-déjeuners français, parce que Divorce c’est un groupe fantastique qui ne recevra probablement jamais tout l’amour qu’il mérite, alors bon sang, allez les voir et dites-leur que vous les aimez ! Comme un fou, comme un soldat, comme un pain au chocolat, Divorce ont dit oui ce soir à un public parisien lors d’un mariage dont on espère qu’il se terminera le plus tard possible, et même si la rumeur veut que l’amour ne dure que trois ans, souvenez-vous que le mec qui a écrit ça est un gros c*n, et que Divorce c’est plus fort que tout.
setlist
    Fever Pitch
    All My Freaks
    Gears
    Karen
    Jet Show
    Parachuter
    Antarctica
    Sex & The Millenium Bridge
    Pill
    Scratch Your Metal
    Where Do You Go
    Old Broken String
    Eat My Words
    Mercy
    Checking Out
    ---
    Lord
    Hangman
photos du concert
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