green star

Il faudrait une éternité pour lister ce que le Royaume-Uni a pu nous apporter en musique depuis ces cinquante dernières années. La densité de production de cette partie du monde est juste incroyable et une vie ne nous suffirait pas pour échanger sur le sujet. Aussi, lorsque l'Angleterre nous propose avec bleeding swirls le premier EP d'un groupe dont les membres sont d'horizons lointains, la curiosité d'en savoir plus sur cette singularité joue son rôle à plein.

Ainsi, green star est composé de Lilah Bobak (Los Angeles), Pedro Soler (Majorque) et Alberto De Torre (Madrid), tous résidents de Londres, où ils ont formé leur groupe. L'originalité du line-up de green star sera bien vite mise de côté tant la musique du trio nous ramène vers des terrains bien connus des fans de shoegaze ou de noise américain. Rien de très nouveau à première vue donc, et pourtant, il se passe quelque chose derrière la basse lourde de Lilah et la rythmique d'Alberto, formant un socle puissant qui permet à Pedro de faire alterner sa guitare entre des parties légères et rondes qui évoqueront les sonorités de Pinback et un mur du son purement noisy. Tout cela ne suffirait pas à rendre bleeding swirls remarquable, pour cela, il faudra vous pencher sérieusement sur ce blades of steel absolument fascinant. Au départ assez classique, le morceau se termine par une plage plus calme réellement envoûtante.

L'immersion se prolonge avec replicant qui ne manquera pas d'évoquer Sonic Youth ou Whirr à bien des égards. À ce titre, se détache quelque chose de très américain sur replicant. Entre la texture savoureuse de sa mélodie, et l'intelligence d'écriture, voici qui a de quoi réjouir ! Le trio laisse se dérouler le morceau, ne tombe jamais dans une attitude désinvolte ou une immédiateté punk. Ici, tout doit se développer, arriver à maturation et l'ensemble est fait avec beaucoup d'à-propos et de maturité.
four-o-five pourrait laisser penser le contraire, mais il n'en est rien. Voici le nouveau single du groupe, il illustre à merveille ce qu'est bleeding swirls. Avec ses parties vocales partagées entre Lilah et Pedro, son ambiance à la fois urgente et à certains égards oppressante, four-o-five est une belle réussite et laisse penser à une pop noisy dark très 90s.

Pourtant, il n'y a rien d'éculé, et le trio réussi admirablement à éviter les pièges grossiers qui pourraient nous laisser penser à une énième redite d'un simple groupe fan du son américain post 80s. spiders without eyes nous conforte dans cette idée. Avec ce tempo plus lent, green star joue avec l'auditeur, et le trimballant sur un manège léthargique puis en lui opposant le mur sonore des guitares de Pedro, pour ensuite ralentir. C'est remarquablement pensé et réalisé et termine ingénieusement l'album, dans un calme salvateur. Il fallait bien ça pour nous faire partir du fond de la gorge la tension et la noirceur qui transpirent de toutes parts des pores de what's true.

En cinq morceaux, plus falter qui s'apparente à une introduction ou une porte d'entrée à bleeding swirls, green star frappent fort et pourraient bien marquer vos oreilles pour de bon. Vous avez ici de bonnes raisons de garder une oreille sur ce trio qui ne fait pas une seule faute sur ce qui nous est présenté. Dense, intelligente, accrocheuse, la musique de green star fait danser des mélodies terriblement efficaces et prenantes avec des sonorités puissantes absolument ravageuses. Ce n'est que le début mais quel début Bien sûr il faudra dorénavant faire fructifier tout ce talent et éviter le piège de la répétition. Mais à bien y regarder, vous avez ici trop de bonnes choses pour être pessimistes.

Quoi qu'il en soit plongez-vous sans tarder dans bleeding swirls, fermez les yeux, et laissez vous emporter. Vite, la suite !