Blondelle

Beaucoup de bruit pour rien. Le titre de cette comédie shakespearienne définit parfaitement le premier album des (très) jeunes membres de Blondelle, nouvelle petite sensation anglaise venue marcher sur les plates bandes de la dernière génération pop. Malheureusement celle-ci est déjà bien loin devant et a fini depuis longtemps de regarder en arrière.

Blondelle, eux, sont encore trop jeunes pour oser avancer le front haut, le regard fixe. Leur trajet est semé d'arrêts intempestifs chez la référence inévitable et de plus en plus encombrante de beaucoup de la pop anglaise des 10 dernières années : les Libertines. C'est donc le cas ici, en plus lisse, formatage et marketing oblige. Cependant, enthousiasmés par la fraîcheur des morceaux, on leur pardonne ces égarements coutumiers aux jeunes groupes. Mais les compositions se suivent et se ressemblent. Les refrains sont prévisibles, les arrangements ne s'écartent pas d'un iota des conventions actuelles de la pop-music labelisée vintage (chant noncahalant, rythmiques Sheffieldiennes, guitares sur-aigues...). Bref, les quatre compères empruntent tous les raccourcis possibles vers une efficacité roublarde et sans saveur.
Toute cette agitation fleure bon prêt-à-écouter jouvenceau destiné à être repris en choeur par des hordes de groupies ignorantes, pus intéressées par la classe des slims du chanteur que par celle de ses chansons. Groupe aux dents longues mais avec un subway de retard, maison de disque opportuniste misant à fond sur un succès Myspacien : une nouvelle façon de concevoir la production musicale en 2007. Alors oui, au dessus de cette masse musicale embryonnaire surnagent bien un ou deux morceaux plaisants. Mais se lancer le défi d'une écoute assidue de l'intégralité de Die Pretty se révèle périlleux. C'est à nous seuls, pauvres chroniqueurs, que revient le devoir de le relever avec succès (non sans de douloureuses séquelles auditives...). A Londres, la presse, toujours clairvoyante, couvre d'éloges ces nouveaux venus tout en continuant de cracher sans vergogne sur ses anciens dieux (Morrissey ou Bowie y sont descendus au premier "faux pas"). Allez comprendre ce qui se passe dans la tête des rédacteurs...

Enfin, rassurons nous : aussi médiocre soit-il, ce premier disque de Blondelle saura trouver son public et ses membres ne mourront pas de faim avant leur majorité. Votre petite soeur en est peut être déjà folle. Et si certain(e)s d'entre vous sont exalté(e)s par la nouvelle scène rock parisienne si glorieusement représentée par ces chers petits garnements de chez Naast ou BB Brunes ils en trouveront ici le parfait pendant britannique. Si vous préférez les Fish & Chips aux Kebabs...