Jetplane Landing

Pionniers de l’inventivité et co-fondateurs du label de qualité estampillé rock british torturé électrique aux multiples facettes, avec leurs comparses de Biffy Clyro et Sucioperro, les Jetplane Landing, ont toujours sévi, au cours des cinq dernières années, dans un registre plus expérimental, nous gratifiant de deux albums à la fois différents et d’essence identique, Zero For Conduct et Once Like A Spark. Outre ses préoccupations, à l’image de la voix du chanteur, plus aigues et métaphysiques que celles de ses deux homologues, le quatuor a toujours manifesté une instabilité musicale, opérant quelques virages à 90 degrés, tant du point de vue de la recherche mélodique que du point de vue des formats discographiques proposés (single contenant plus de vingt titres inédits, par exemple).

Et c’est donc sans réelle surprise qu’on les retrouve, trois bonnes années après leur précédent effort, complètement transfigurés. Alors que les autres groupes perfectionnent et peaufinent le style musical sur lequel ils ont jeté leur dévolu, et font évoluer graduellement leur rock, à la fois ambitieux, parfois un tantinet pompeux, musclé et revendicatif, Jetplane Landing, dès l’introduction de l’album, Backlash Cop et White Music, fait voler en éclats toutes ses références musicales, lesquelles étaient déjà très éloignées du cliché. En effet, d’une manière homogène et irréversible, à l’image de Lungs Of Punk et Why Do They Never Play Les Savy Fav On The Radio, la formation bifurque vers une direction radicalement opposée, n’hésitant plus à prendre le contre-pied, voire le contresens (dans les deux sens du terme) de ses productions passées.

Ainsi, on sombre progressivement, avec des titres et des paroles au huitième degré, dans la parodie et le pastiche d’une facture très douteuse de ce que le rapcore du début des années 2000 proposait de pire. Et le groupe inspiré et en avance sur son temps s’est mué en une formation poussiéreuse et sans éclat, une sorte de tribute band de l’obscure scène US de l’époque, en singeant même la production sans relief et monotone. Bref, Jetplane Landing, après nous avoir proposé quelques visions d’avenir très intéressantes, opère un retour en arrière et une régression à tous les niveaux, tant du point de vue de la qualité que du point de vue de l’époque. En conséquence, ce troisième album très dispensable et décevant serait mieux qualifié par le terme flashback que backlash, et ce à notre grand regret.