The View

Deux ans après un premier opus encensé de-ci de-là mais abondamment critiqué par les puristes et les groupies des Libertines, The View nous reviennent avec Which Bitch?, un démenti en faveur de ceux pour qui le second album n’est qu’une copie du premier.

Oui, The View innovent. Relativement, du moins. Ils s’essaient au violon et au piano (le très beau Distant Doubloon), aux trompettes et à Paolo Nutini (Covers, dispensable), et même au hip-hop Art Brutal (le pénible One Off Pretender). Tout n’est certes pas rose mais l’effort est appréciable, le groupe distillant au travers de son classique mais pas immortel rock funky-punky des essais qui emballent les cobayes que nous sommes.

Mais là où sont toujours le plus fort The View, c’est quand même dans les ponts. Certains transcendent un refrain, d’autres assurent grave les couplets, quelques-uns font les jolis chœurs, The View, eux, illuminent les ponts. Que ce soit sur le changement de rythme impeccable de 5Rebeccas ou les relents de guitare qui surprennent à chaque détour, on n’avait pas vu au Royaume-Uni de ruptures aussi abruptes et affolantes depuis le premier Help She Can’t Swim. 2004, donc.

Ralentissant parfois le rythme, The View font ainsi passer les émotions au détriment de l’énergie, les battements de fûts laisseront même place aux battements de cœur sur les somptueux Glass Smash et Unexpected. Pas aussi compact et inconscient que leur abrasif Hats Off To The Buskers, Which Bitch? n’en reste pas moins un album séduisant, optant pour le risque plutôt que la facilité comme aucun autre groupe n’oserait faire.