Kai Fish

Kai Fish, avec deux i, est le bassiste de Mystery Jets avec deux y. Avec ses musiciens, il partage les bizarreries lexicales, le sens de la mélodie et du rock teinté de psychédélisme. En réalité, il partage beaucoup avec son groupe, et cet album solo ne ressemble pas aux side-projects habituels, sont souvent expérimentaux, voire un rien ennuyeux tant il y a plus de frustration que d’idées. Et même si cet album est baptisé Life In Monochrome pour décourager les curieux, il se veut coloré et séduisant.

Du side-project solo, il possède le meilleur côté, celui d’un album très personnel, jusque dans le dossier de presse à la limite du people qui explique que l’album a été écrit pendant une période de grande activité émotionnelle de Kai : rupture, mariage et déménagement à Paris. Le mauvais côté du disque solo est une faiblesse sur la longueur avec des morceaux moins percutants.
Pas tout à fait solo tout de même, puisque plusieurs musiciens sont venus prêter main forte au bassiste de formation, un peu comme une auberge espagnole à Paris. L’ami en rupture sentimentale a reçu la visite de ceux qui veulent lui changer les idées, le jeune marié de ceux qui viennent pendre la crémaillère. La production a été confiée à un ami californien exilé en Europe, le son s’en retrouve lumineux, parfois un peu blues ou surf.

La meilleure illustration de ce melting-pot est le morceau Real Life, un mini album en une chanson. Le titre démarre lo-fi avant de partir dans le registre pop. Côté chant, la voix douce de Kai s’essaie par moment au français, et une voix féminine chante même quelques couplets.
Life In Monochrome peut être, mais chansons aux multiples tons. Les registres explorés par l’auteur sont variés. Pour donner le ton, l’album démarre par Erasing The Young, une ballade romantique et lyrique à la Morrissey. Ainsi, dès le premier titre, le disque marque son ambition. Des chansons romantiques, il y en a d’autres ici, mais ce n’est pas le répertoire dans lequel on préfère voir évoluer Kai Fish, car la plupart d'entre elles sont trop sucrées et un peu molles (My Amina, Secret Garden). Le groupe se veut plus touchant dans un répertoire plus noisy comme Homerton Baby qui n’est pas sans rappeler le blues de Black Rebel Motorcycle Club.

Kai Fish réussit ici un joli premier album, très personnel, dans la lignée de ce que lui et ses camarades de Mystery Jets nous ont offert de par le passé. Les fans devraient apprécier, les autres aussi.