Chronique Album
Date de sortie : 14.01.2013
Label : Melodic Records
Rédigé par
Jean-Christophe Gé, le 14 janvier 2013
Pour la forme, rappelons qu'Aidan Moffat constituait la moitié d'Arab Strap, et que L. Pierre (on laisse désormais tomber le « ucky » de Lucky) est une de ses formations musicales, celle dévolue aux musiques instrumentales.
Aidan doit être un rien obsédé par la chose. J’ai appris très récemment, dix minutes avant l'écriture de cet article pour tout vous dire, que le Lucky Pierre est en fait le personnage central dans une partie à trois. Ma naïveté a ses limites, si je croyais jusque-là que le Pierre en question était juste un frenchie chanceux, je savais depuis un moment qu’un Arab Strap n’était pas un ouvrage de maroquinerie arabe.
Cette introduction pour vous dire que les instrumentaux de L. Pierre invitent à la ballade, au bavardage, et au vagabondage de l’esprit. Ses albums animés par le cinéma sont autant de bandes originales de films qui n’existent pas, laissant à l’auditeur le privilège d’inventer les intrigues, les personnages et les décors. Le son très vintage de The Island Come True donne un aspect fantomatique aux atmosphères, et on se croirait sur l’île du Docteur Moreau habité par des projections de ses anciens habitants. L’écossais ne fait pas les choses à moitié : quand on parle d’esprit vintage, il ne s’agit pas de quelques notes de synthés des années 60-70’s, mais bien des craquements de vinyles, de voix classieuses d’égéries d’après-guerre, de notes de piano de films muets...
Après un excellent album accompagné de Bill Wells l’année dernière, cette nouvelle livraison d’Aidan Moffat nous montre que même si sa musique évoque la fragilité des instants et des sentiments, l’artiste qui va avoir quarante ans a atteint la maturité dans son art.