Superqueens

Avec Royal Shit, on retrouve les Superqueens là où ils nous avaient laissés il y a quelques mois, après leur excellent Cheap Shots, c'est à dire au milieu d'un paysage gris, déprimant et on ne peut plus urbain. Entre les deux albums, la donne n'a pas changé: la voix de Michael Conroy est toujours aussi apocalyptique et la musique de Bruce Magill aussi hypnotique. Pourtant, jamais la monotonie et l'ennui ne viendront gacher votre plaisir, le duo évitant magistralement les limites que leur style aurait tendance à leur imposer.

Ainsi, les beats binaires si présents sur le premier opus, et ouvrant là aussi cet album, laissent la place à une indomptable guitare saturée pour un mister, you're a lapdancer tout ce qu'il y a de plus effrayant. Côté paroles, la plume de Conroy est toujours aussi aiguisée et dépeint un monde dans lequel vous ne laisseriez pas vos enfants plus de cinq minutes. Ici, point de paillettes ni de robes à pois, plus en vue dans le sud de l'Angleterre, le quotidien est celui d'une ville grisatre et fantomatique, beaucoup plus au nord du pays. Le bonhomme, catalogué poète dans son pays, ne chante pas mais déclame, sans tomber dans les travers d'un slam sans saveur aujourd'hui en haut de l'affiche de notre côté de la Manche.

Acclamés unanimement par la critique partout où ils ont été écoutés, les Superqueens peuvent maintenant se prendre à rêver d'un succès public, puisqu'une inespérée sortie française semble pointer le bout de son nez pour la fin de l'été.