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Main Square Festival

Arras, du 29 juin au 1er juillet 2012

Live-report rédigé par Charlotte Haas le 11 juillet 2012

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Pour sa huitième édition et pour la troisième année consécutive, le Main Square Festival se tient dans la citadelle Vauban d'Arras, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. C'est donc dans une place de choix que l'on va pouvoir apprécier la prestation des différents artistes à l'affiche de ces trois jours.

En ce vendredi 29 juin, premier jour du festival, la poliorcétique bat son plein redorant ainsi l'image d'une forteresse longtemps surnommée La Belle Inutile par les Arrageois, la ville d'Arras n'ayant plus connu de siège après sa construction. Cet état de siège marqué notamment par la présence d'un nombre important de groupes et d'artistes anglais ne peut que nous ravir.
Tout juste arrivé, on se presse en direction de la citadelle située au cœur d'un parc immense de quarante hectares. Sur notre chemin, on entend les échos smithiens d'Orlando Weeks, chanteur de The Maccabees. L'écoute ne sera que de courte durée car arrivés au terme de notre marche, la voix et le son des guitares s'évanouissent.

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Postée devant la grande scène, une foule éparse attend patiemment l'entrée en scène de The Subways. En ce milieu d'après-midi plutôt ensoleillé, les lunettes de soleil sont de sortie. « Oh Yeah », il est 16h15 et The Subways arrivent tout sourire pour nous délivrer un set décoiffant. Pas de répit pour Billy, Josh et Charlotte qui enchaînent les titres tirés de leurs trois albums. « Nous sommes les Subways ! », déclare Billy Lunn en s'adressant au public. Et d'ajouter « Main Square Festival, frappez les mains tout le monde », ou encore, juste avant d'entonner Alright, « pour la prochaine chanson je veux voir tout le monde sauter et danser ». On retrouve l'énergie communicative caractéristique du groupe. Quand ce n'est pas Billy qui arpente la scène ou s'élance de la batterie armé de sa Gibson, c'est Charlotte qui se déplace par sauts et secouant frénétiquement la tête, les cheveux en bataille tout en jouant de la basse. Le public se laisse petit à petit prendre au jeu et se réveille enfin sur Rock' n' Roll Queen. Billy en profite alors pour chanter en français « Tu es le soleil, tu es trop cool ». Puis le set se poursuit dans une ambiance bon enfant. On secoue la tête sur Shake Shake pendant que le groupe nous répète qu'on est trop cool. Ça danse en cercle sur Turnaround puis l'on s'assoit pendant Celebrity. La fête se termine par un slam contrôlé de Billy qui prend soin de se séparer de sa guitare avant de s'élancer dans le public. Oui, l'énergie est là mais plus contenue qu'à l'accoutumée, la fougue des débuts s'est estompées à l'image du dernier album Money And Celebrity qui ne recèle que deux ou trois titres sautillants.

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Toujours en poste sur la grande scène afin de ne pas louper la première grosse tête d'affiche de cette journée. Les écossais de Simple Minds, groupe mythique de new wave des années 80s, sont bel et bien présents. Si la formation d'origine a évolué, on retrouve néanmoins deux membres des débuts : le compositeur et chanteur Jim Kerr ainsi que Charlie Burchill, compositeur mais aussi guitariste, violoniste et saxophoniste. Après une introduction planante, le groupe arrive sur scène. Jim porte un t-shirt sur lequel on peut lire « Simple Minds Glasgow 77 », date correspondant à la sortie du tout premier 45 tours du groupe alors encore nommé Johnny & The Self-Abusers. Formé durant la mouvance punk, le groupe ne prendra le nom de Simple Minds qu'à partir de 1978 en s'inspirant des paroles de la chanson The Jean Genie de David Bowie.
Sur scène, le groupe alterne des morceaux sombres avec d'autres plus dansants. C'est d'ailleurs ces derniers qui retiendront le plus l'attention du public, ceux de la période faste du groupe que l'on peut notamment retrouver sur l'album New Gold Dream sorti en 1982. Outre le galvanisant Somewhere Someone (In Summertime), le groupe propose aussi aujourd'hui d'autres titres qui ont fait son succès, notamment Love Song ou encore le titre rock Waterfront.

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Après Simple Minds, on dispose d'exactement trente minutes montre en main pour aller s'alimenter avant que le concert de Garbage ne commence. C'est le marathon propre à tous les festivals, mais c'est aussi ce qui permet de voir en myriade d'artistes en si peu de temps. C'est alors que débute une course effrénée à la recherche d'un maudit distributeur. Pour y parvenir, il faudra traverser le site, sortir de l'enceinte puis se rendre à pied jusqu'à au centre-ville et en revenir. Autant vous préciser que le fameux centre-ville n'est pas tout proche, quelle histoire !
Au retour, le groupe est déjà sur scène. En arrière fond, on devine un mur de mousse froissé laissant penser à un immense déchet indéfinissable. En contraste, Shirley Manson est divine avec son collier couleur or. En arpentant la scène alternant petites foulées et pas chassés jouant avec les caméras, Shirley affiche cette fausse nonchalance propre aux plus grands. Le groupe est de retour après sept ans d'absence et ce soir la forme est au rendez-vous. Les titres s'enchaînent parfaitement et sans baisse de régime. Les nouveaux morceaux du dernier album Not Your Kind Of People, tels que l'énergique Automatic Systematic Habit, finissent par nous convaincre de l'efficacité encore redoutable du groupe. Il faut observer Garbage sur scène pour en prendre conscience.

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Dernier stationnement sur la grande scène avec Kasabian, récompensé en 2012 comme du prix de meilleur groupe britannique lors des NME awards. Meilleur groupe britannique, peut-être pas, mais, en live, sûrement l'un des meilleurs. Déluré avec ses lunettes rouges, le chanteur Tom Meighan sait se jouer de la scène. Les morceaux, qu'ils soient des tubes ou non, atteignent tous une dimension nouvelle. L'introduction de L.S.F (Lost Souls Forver) fait mouche, Underdog est percutant. Quant aux nouveaux morceaux tirés de Velociraptor!, le live et l'énergie déployée par Tom et Serge Pizzorno ainsi que par les deux autres membres du groupe nous hypnotisent et transportent dans une émotion rock couverte par des moments d'absence psychédéliques intenses. La synthèse du synthé associé aux guitares surf et aux refrains imparables fonctionne pleinement !

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Kasabian continuent de jouer mais il faut déjà partir pour retrouver Editors sur la Greenroom. On laisse donc Tom Meighan pour rejoindre Tom Smith et ses acolytes venus de Birmingham. Le groupe est devenu trio depuis peu, avril 2012 précisément, après le départ du guitariste Chris Urbanowicz pour cause de divergences concernant la future orientation musicale du groupe et ce notamment lors de l'enregistrement de leur futur quatrième album. Mais cela n'empêche pas le groupe d'être présent ce soir à Arras. Le set commence dans une fumée épaisse ornée de disques lumineux jouant ainsi sur la part de mystère, se dévoilant peu à peu pour laisser percer la lumière. Dès les premières notes on ne peut s'empêcher de frissonner au son pénétrant et à la voix du chanteur. Celle-ci est accompagnée d'un martèlement rythmique qui confère aux mélodies leur caractère ensorcelant. Comment échapper à la force obsédante des morceaux d’Editors ? À l'écoute des titres qui se succèdent, on vit un moment d'arrache-cœur permanent dans lequel la tristesse et la noirceur la plus profonde alternent avec des souffles majestueux, notamment An End Has A Start. Certainement la plus belle performance de ce soir, la plus poignante.

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Quinze minutes avant la fin du set, on retourne sur la grande scène, il est 23h10 et c'est au tour du trio londonien de The XX d'entrer en scène. Le décor est déjà planté, un grand X transparent est suspendu. Celui-ci va évoluer au gré des morceaux, reflétant la couleur lui étant imposée et amenant à l'espace cet alternance de froid et chaud constant propre à la musique de The XX, située aux confins de l'irréel, entre minimalisme brut et chaleur rythmique.
Tout au long du concert, le tournoiement des lumières sur le X géant rappelle les aurores boréales que l'on peut trouver dans l'hémisphère nord dans le ciel nocturne, amenant à la musique une part de mysticisme. Derrière l'élégance et l'esthétique soignée, la musique fouillée et minimale du groupe peine à éclore sur scène. Elle semble réservée à une écoute plus confinée car ce soir elle paraît s'évanouir dans l'immensité de la scène ouverte. The XX font partie de ces artistes qu'il vaut mieux écouter au casque plutôt que sur enceintes.
Au final, la dilution sonore fait fuir une partie du public, celui-ci préférant la pop dansante de Metronomy qui se joue de l'autre côté du site. Mais il aura fallu rester jusqu'au bout pour pouvoir entendre quelques nouveaux morceaux du prochain album, Coexist, à paraître le 10 septembre prochain. Des morceaux dans la veine de XX qu'il sera préférable, là encore, d'écouter au casque ou dans un club pour en apprécier l'étendue sonore.

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De retour sur la Greenroom, Metronomy fédèrent l'ensemble des festivaliers autour de leurs titres électro pop. Groovy et dansants, les titres tels que The Bay ou The Look conquièrent le public. Pourtant, ayant déjà vu plusieurs prestations du groupe, quelque chose semble perdu. Cet effet de surprise n'existe plus et seul un instrumental semble au niveau attendu et rappelle combien le groupe est intelligent pour ce qui est des arrangements. Il est difficile ce soir d'accrocher à une prestation inégale : on peut danser, oui, mais danser d'épuisement et de lassitude.

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Dernier tour du côté de la grande scène. Justice assènent une sentence électronique forte, intense autant au niveau du visuel que sonore. On est tout simplement ébloui. C'est en forme de feu d'artifice géant que ce termine cette soirée. Le duo français enchaîne les tubes. Si l'album précédent était plus sombre, Audio, Video, Disco est plus rythmé et laisse une plus grande part aux guitares et autres sonorités heavy 70's. La dernière note de ce set magistral sera jouée à l'orgue en guise de point d'orgue d'une journée riche, très riche en émotions.

On a hâte d'être à demain !
artistes
    The Maccabees
    The Subways
    Simple Minds
    Garbage
    Kasabian
    The XX
    Justice
    Lolito
    Greenshape
    Stuck In The Sound
    Electric Guest
    Brigitte
    Editors
    Metronomy
    Chase And Status