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My Bloody Valentine

Paris, Bataclan - 5 juin 2013

Live-report par Julien Soullière

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Le retour aux affaires de My Bloody Valentine - intervenu en début d’année avec la sortie de l’album m b v - aura été désiré de nombreuses années durant, et bien que le concert du soir n’affichait pas complet (allez, il ne manquait pas grand-chose pour que ce soit le cas), le passage parisien du groupe irlandais était forcément noté au feutre épais dans bon nombre d’agendas. Après le passage des Stones Roses en ce début de semaine, les fans de rock UK avaient de quoi entamer un vrai pèlerinage sur les traces de groupes qui ont su imposer leur nom, et se faire sources d’inspiration pour les générations qui ont pris le relai.

A tout évènement attendu sa forte mobilisation : les fans de My Bloody Valentine sont à l’heure, vissés dans leurs starting-blocks, prêts à s’en prendre plein les yeux et les oreilles. A s’en prendre plein les oreilles, car ce soir, les protections auditives sont hautement conseillées, autant pour des raisons de santé publique que pour espérer apprécier le concert à venir : on s’en rendra vite compte, mais il est extrêmement difficile, si ce n’est impossible, de trouver quoique ce soit de comestible dans un set de My Bloody Valentine sans tenter d’abaisser un niveau sonore plus élevé que la moyenne. Et encore, à en croire certains, on est loin de ce qui se pratiquait quelques années auparavant. Il ne faudra pas plus d’un riff de guitare pour que l’on imagine les troubles auditifs, même passagers, que les concerts du groupe ont pu engendrer par le passé.
Alentour, on retrouve les figures habituelles des soirs de concert, ces stéréotypes qui agacent autant qu’ils nous rassurent. Il y a d’abord ce type qui ne peut s’empêcher d’étaler son savoir et de répéter entre deux gorgées de bière à quel point « ça tabasse ». Il y a également cette fille qui se déhanche comme seuls le font ceux qui savent ne pas se soucier du regard de l’autre (une belle qualité), et puis il y a ceux, inébranlables, qui donnent l’impression d’assister à la représentation d’un opéra-ballet, et qu'on n'imagine aisément ne pas bouger quand bien même le sol se déroberait sous leurs pieds.

A plus de quarante euros la place, celles et ceux qui étaient présents devaient a priori en être conscients, mais pour les autres, il faut savoir qu’un concert de My Bloody Valentine est une foutue expérience. Pas facile de rentrer dans l’ambiance, ça passe ou ça casse, ça n’est pas né pour faire dans la demi-mesure. Tout le concert durant, une charge sonore sourde et continue couvrira à peu tout ce qu’il est possible de couvrir (en résumé, du shoegaze), notamment les voix de Kevin Shields et Bilinda Butcher, complètement étouffées par le déferlante sonore qui s’abattra 1h30 durant sur le Bataclan. Question chant, ça n’est de toute façon pas bien grave, celui-ci n’étant pas l’argument le plus mis en avant chez My Bloody Valentine.
Pour le non-initié, il est évident que la chose a pu paraître bien rude, et le temps bien long, d’autant que là non plus, on ne vient pas voir My Bloody Valentine pour son jeu de scène, sa propension à interpeller ou à faire participer le public. Par moment assez monotone (du fait de certains titres un peu longuets, de la ressemblance frappante entre certaines compositions), le set prend toutefois une nouvelle dimension dans sa seconde moitié, relevé de titres plus fédérateurs comme Only Shallow, ou encore You Made Me Realise, durant lesquels le public, au demeurant étrangement sage, se laisse aller à plus de folies. De manière générale, fort heureusement, il y a toujours un riff de guitare bien placé, un jeu de batterie rondement mené, ou une ligne mélodique intelligemment écrite pour que les jambes ne se fassent pas trop lourdes.

Assourdissant, abrutissant, oppressant même (un sentiment que ne pouvait que renforcer les images projetées à l'arrière de la scène, mélanges de couleurs vives et de mouvements saccadés), ce concert de My Bloody Valentine, comme tous les autres, comme leur musique en fait, ne pouvait laisser personne indifférent. C'est là toute une vision de la musique. C'est là la marque des groupes cultes.
setlist
    I Only Said
    When You Sleep
    New You
    You Never Should
    Honey Power
    Cigarette in Your Bed
    Only Tomorrow
    Come in Alone
    Only Shallow
    Thorn
    Nothing Much To Lose
    Who Sees You
    To Here Knows When
    Wonder 2
    Soon
    Feed Me With Your Kiss
    You Made Me Realise
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