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Dizzee Rascal

Paris, Bataclan - 22 novembre 2009

Live-report par Hybu

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C'est un événement suffisamment rare pour valoir le déplacement : l'un des artistes britanniques majeurs de ces dix dernières années est de passage à Paris. Il s'agît seulement de la deuxième apparition de Dizzee Rascal en tête d'affiche à Paris en sept ans de carrière, et elle était très attendue car elle fait suite à l'album qui a sans doute eu le plus d'écho de ce côté-ci de la Manche. Pourtant, dès 2003, le garçon, 18 ans à peine à l'époque, remportait un Mercury Prize amplement mérité avec son indispensable premier album, mais ceci est une autre histoire.

 

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Sur son « Tongue 'N Cheek tour », Dizzee Rascal a embarqué avec lui ses potes des radios pirates, DJ Semtex bien sûr, fidèle DJ en titre depuis plusieurs années, Newham Generals alias D Double E, et Footsie. C'est Semtex qui ambiance doucement le Bataclan alors que la salle se remplit progressivement, le DJ propose une petite sélection assez large entre hip-hop, dubstep et fidget house. Ensuite, ce sont les deux MCs de l'écurie Dirtee Stank, label fondé par Dizzee, fidèle partenaires, tout deux issus du creuset Grime. Leur show durera environ quarante minutes, divisées en deux parties. D'abord une première où le duo joue sur ses propres instrumentaux des morceaux issus de son récent album (notamment le grime vicieux de Frontline). Puis, ils transforment la salle parisienne en rave à l'anglaise, Semtex balance d'énormes riddims dubstep (Benga & CokiNight, Chase & StatusEastern Jam...), pendant que les deux MCs montrent tout leur savoir faire. Footsie et D Double E faisaient partie des meilleurs du mouvement Grime et n'ont pas perdu leur touche, on reconnaît évidemment quelques phases classiques du duo (« it's footsie again stop the time for footsie again [...]  » entendu sur le classique de Skepta, Duppy ou les fameux « muhey » de D Double E). Newham Generals ne semblent pas vraiment faire l'unanimité dans le public, mais il faut dire que depuis son premier album, Dizzee s'est éloigné de ses racines garage et grime et s'est même ouvert à un public clairement plus pop. La salle est d'ailleurs largement persillée d'un public plus habitué aux concerts de rock qu'aux soirées dubstep, bien que ce soir, baskets aux pieds, la New Era reste le couvre chef de référence.

 

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Semtex est de nouveau seul aux platines, le temps d'écouter quelques classiques du moments dont l'énorme Pon Di Floor de Major Lazer ou l'indétronable Day'n Nite de Kid Cudi remixé par Crookers qui ouvre dans une chaleur étouffante pour Dizzee.
Dizzee Rascal commence fort avec deux des meilleurs morceaux de son nouvel album, l'excellent Bad Behaviour avec sa basse élastique parfaite pour le flow extensible du MC puis Road Rage, tentative Baltimore qui fait sauter de plaisir hédoniste la salle parisienne. Mon esprit est embrouillé, il fait une chaleur improbable et l'ambiance est survoltée. En dehors de quelques morceaux moins réussis du nouvel album (Freaky Freaky, Chillin Wiv Da Man Dem), Dylan nous sert une sélection « Best Of », enchaînant tuerie sur tuerie avec énergie : Can't Tek No More, le vicieux Flex, Jus' A Rascal, le sauvage Sirens...
Le public hurle « Braaap I Can Hear The Sirens Comin », l'anthem grime Stand Up Tall, Dirtee Cash (reprise d'un classique house de 1989), Pussy Hole (appelé aussi Old School pour les oreilles chastes) et Fix Up Look Sharp. Entre temps, à peine quelques petites pauses pour souffler, le temps de souhaiter un joyeux anniversaire à Semtex, puis Dizzee fait crier la salle avant de laisser le DJ passer quelques morceaux afin de calmer un peu le jeu.
C'est alors que vient le final avec un enchainement monumental, Dance Wiv Me, Holiday (meilleur quand ce sont 1500 personnes qui sautent, même sur un final à la frontière du mauvais goût). Semtex demande au public d'appeler Bonkers, ça crie sévèrement pendant la montée, la tension est palpable, et puis relâchement général, la basse est partie et tout le monde danse.

Le concert se termine, le public est épuisé, la tête embrumée par ses basses bouillonnantes et un Dizzee impérial. Il est difficile de croire que l'anglais n'a que 24 ans, tant il maîtrise avec une facilité et une énergie déconcertante l'art du live que beaucoup de groupes de rock réputé lui envieraient. Du grand Dizzee !