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Dizzee Rascal
Muse
Biffy Clyro
Polly Money

Paris, Stade de France - 22 juin 2013

Live-report par Cyril Open Up

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Chaque année, à la même période, que cela soit dans le domaine du cinéma ou de la musique, vient la traditionnelle saison des blockbusters. L'occasion de se réunir entre amis autour d'une grosse production dont le principal but est de nous divertir. Débutée la semaine passée avec la venue de Depeche Mode dans un style plutôt minimaliste avec une scène pour le moins dépouillée, elle se poursuit ce samedi soir avec leur parfait opposé, le trio Muse et leur installation imposante. Le programme de la soirée est chargé puisque les concerts débutent dès 17h45.

Originaire de Cornwall, Polly Money, âgée d'à peine dix-huit ans, est chargée d'accueillir les spectateurs du Stade de France. Seule avec sa guitare acoustique, sa voix, son microphone et ses pédales d'effet, elle ne semble pas trop intimidée par l'exercice. Ses gentilles balades mélancoliques sont plutôt bien accueillies par le public dans l'ensemble attentif. Ses chansons sur l'amour, les regards échangés, le hasard des rencontres (...) collent parfaitement avec son âge. Sur le dernier morceau, elle utilise des boucles et fait pousser quelques « oh, oh » à l'assistance qui ne se fait pas prier et la suit. Si, pour ma part, je pense avoir dépassé l'âge de réellement apprécier ce type de musique, la jeune demoiselle ne me pousse pas non plus à rejoindre le premier stand de boissons au plus vite. Elle tient le choc dans un stade en cours de remplissage (où d'autres se sont déjà cassés les dents) et parvient même à capter l'attention avec un jeu de scène minimal et statique. Bonne chance pour la suite Polly !

Trente minutes plus tard, le temps d'installer une table avec platines et MacBook, c'est au tour de Dizzee Rascal d'occuper l'espace. Le jeune rappeur de l'est londonien est entouré d'un MC et d'un acolyte avec qui il arpente la longue scène de long en large. Dizzee, de son vrai nom Dylan Mills, est tout de noir vêtu. Il débute son set avec Here 2 China sur lequel a collaboré Calvin Harris. Le morceau pose les bases de tout ce qui va suivre, des basses imposantes, des nuées de bras qui s'agitent dans le public telles des armées de leviers qui montent au ciel pour redescendre sans cesse et en rythme. De grosses basses, Dizzee avoue lui-même en être accroc dans son titre Bassline Junkie qui rejette en masse les autres drogues. La foule saute comme un seul homme sous les invectives du rappeur.
Pour faire encore monter l'ambiance, le public est mis à contribution. Coupée en deux, la fosse est invitée à un traditionnel concours déterminant quelle moitié fait le plus de bruit. Les « jump, jump, jump » et autres « make some noise » ou « hé, ho, hé, ho » d'appels à l'excitation seront ainsi récurrents durant l'ensemble de la prestation. Un troisième compère rejoint la joyeuse bande et la suite prend une tournure nettement plus dance avec des refrains plus mainstream. Le charismatique Dizzee sait visiblement s'y prendre pour galvaniser l'auditoire, il invite ainsi tous les amoureux à Paris à crier leur admiration pour cette ville sur Love This Town. Même sans être amateur du genre, il faut reconnaître que Dizzee Rascal aura donc complètement fait le boulot, mais nous n'en sommes encore qu'à l'apéritif.

Nouveau changement de plateau qui offre l'occasion à certains de reposer leurs jambes en s'asseyant par terre tant que le remplissage (par encore à son maximum) de la pelouse le permet encore et ce sont les écossais de Biffy Clyro qui débarquent torses nus, fidèles à leur habitude. Abonnés aux premières parties de Muse, avec lesquels ils avaient déjà joué en 2007 au Parc des Princes ainsi qu'en 2009 à Bercy, leur réputation n'est plus à faire.
L'introduction du récent Stingin' Belle tout en puissance donne le ton. La batterie est fortement frappée, les guitares hurlent avant de laisser place à un chant très harmonique ressemblant énormément à du Foo Fighters. Leur rock mastoc taillé pour les stades avec des refrains fédérateurs comme sur The Captain fait mouche. Une bonne partie du stade chante en choeur avec eux. Simon Neil fait corps avec sa guitare et se tortille avec elle entre chaque passage chanté avec une sacrée énergie (tout comme son compère James Johnston avec sa basse). Ils semblent aux anges et remercient à plusieurs reprises, comme il se doit, le public. La setlist du soir ne fait honneur qu'aux deux derniers albums plus accessibles de la formation mais fait cependant un beau clin d'oeil aux compositions des débuts, moins marquées rock FM, avec le très efficace That Golden Rule et ses passages criés et ses instrumentaux diablement dynamiques. Les esprits ont le temps de se calmer un peu ensuite avec la ballade consensuelle Many Of Horror et son refrain qui reste bien en tête. Puis les « Drip, Drip, Drip » de Black Chandelier résonnent dans l'enceinte ovale pour un bon dosage entre gros riffs aux hymnes rageurs et parties tout en douceur et couplets délicats. Biffy Clyro savent allier le calme et la tempête avec un certain savoir-faire comme le montrera encore le dernier titre de la soirée, Mountains. Couillu comme il faut, leur puissant chant choral nous aura bien préparé les oreilles pour la suite. Les membres du groupe prennent congé après quarante cinq minutes de rock rentre-dedans. Du beau travail.

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L'attente est plutôt longue entre débâchage de la structure entourant la batterie et derniers réglages avant que les écrans ne commencent à s'animer pour lancer l'introduction de la vidéo The 2nd Law : Unsustainable. La foule en délire accueille Matthew Bellamy, Christopher Wolstenholme et Dominic Howard, lesquels débutent avec le titre d'ouverture de leur nouvel album, Supremacy. A l'image du moteur diffusé sur les écrans, la grosse machine Muse est lancée et tourne à plein régime avec la grandiloquence qu'on lui connait. Une boule de feu sort de la petite scène centrale, des cheminées blanches surplombant la scène crachent alternativement flammes et fumées. Le groupe annonce la couleur avec un début de show brûlant. Dans un stade, il convient de réussir son entrée et c'est donc naturellement ce qu'ils font.
La basse bien en avant, Panic Station et sa vidéo de « grands » de ce monde dansant en 3D devant le globe terrestre parmi lesquels figurent l'un après l'autre Barack Obama, Angela Merkel, Vladimir Poutine ou encore François Hollande et dont les pixels se décomposent et s'écroulent brutalement pour passer au suivant peine à convaincre malgré son gimmick récréatif. Heureusement, le concert décolle réellement avec un Plug In Baby de haute volée. Matt traverse la foule sur l'avancée centrale, le public reprend le refrain en choeur. Telle l'étincelle qui manquait pour embrasait le Stade de France, ce titre de douze ans d'âge vient à point nommé pour attiser la poudrière. S'ensuit un survol de leurs trois derniers opus, dont un appréciable Map Of The Problematique joué en bonne partie au milieu des fans.

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Je ne parlais pas innocemment de blockbuster en préambule puisque le groupe a choisi d'insérer dans son show des acteurs filmés avec des caméras dont les images sont diffusées sur les écrans. L'idée aurait pu s'avérer plutôt bonne sur le papier mais dans la réalité, elle tourne un peu à la pantalonnade. Ce financier costumé et bedonnant qui lance des billets à foison sur Animals avant d'être frappé d'une crise cardiaque ou cette working girl exaspérée sur Feeling good qui finira par boire de l'essence directement à la pompe ne sont qu'une dénonciation grotesque du capitalisme à outrance et ne font qu'enfoncer des portes ouvertes à grand coup d'épaule sans se faire trop mal. La fin funeste du financier est cependant en partie rattrapée par son accompagnement plutôt bien pensé de Man With A Harmonica qui débouche sur le traditionnel Knights Of Cydonia et son Morricone spirit. Le refrain est, comme sur tous leurs concerts, scandé par une foule en liesse qui voit les paroles s'affichaient en gros sur les écrans en guise d'antisèches. Christopher Wolstenholme et Dominic Howard s'offrent ensuite un petit plaisir avec une reprise du titre Dracula Mountain des américains de Lightning Bolt en formation duo basse batterie. Un piano prend place sur la scène centrale pour l'inévitable « hommage à Queen » de la soirée incarné par United States Of Eurasia et ses grosses poussées de voix très portées sur le rock symphonique avant de revenir à plus de sobriété avec le début de Butterflies & Hurricanes (j'ai bien dit le début).

Le musclé Liquid State, qui s'inscrit plus dans la veine de groupes comme Metallica avec la voix grave de Christopher Wolstenholme offre un réel contraste plutôt salvateur au bout du compte avant de rebasculer dans les aigües avec Matthew Bellamy affublé de lunettes où défilent les paroles d'un Madness un peu trop langoureux. Quelques notes de House Of The Rising Sun marqueront le retour aux classiques du groupe pour une fin de set nettement plus réjouissante.
Le public peut ainsi donner du coffre sur le toujours apprécié Time Is Running Out. Puis une roulette numérique fait défiler quelques morceaux avant que la bille ne s'arrête pour la plus grande satisfaction de tous sur Dead Star et sa puissante batterie. A cet instant, une partie du public a réservé une surprise de taille au trio en agitant des ballons lumineux dans les tribunes inscrivant ainsi le nom du groupe pendant de longues et magiques minutes. Matthew Belamy s'interrogera verbalement pour savoir comment ils y sont parvenus et en guise de remerciement demandera un nouveau tour de roue qui désignera New Born. Matthew à genoux martyrise sa guitare provoquant des cris d'extase de part et d'autre. En guise de clin d'oeil à la tournée en salle précédente, les écrans projetant les membres du groupe prendront des formes triangulaires. Le groupe rejoint ensuite la scène centrale et demande aux fans de filmer le titre Unintended avec leurs téléphones portables pour un parfait moment de communion. Reprenant la scénographie du concert du Parc des Princes, une grosse ampoule survole l'audience libérant une trapéziste lâchant de nombreux confettis sur le symphonique Blackout que Matthew Bellamy chante allongé sur l'avancée. Il est ensuite temps de partir une première fois après l'efficace Undisclosed Desires durant lequel le leader du trio parcourt en marchant et en courant les allées bordant le catwalk pour serrer de nombreuses mains et y croiser les cercueils des deux comédiens.

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Le premier rappel nous ramène au début du concert avec cette fois-ci la version intégrale de The 2nd Law : Unsustainable voyant l'apparition d'un gros robot sur scène contre lequel Matthew brandit sa guitare. Le moteur virtuel se remet en route et des fumigènes sont propulsés violemment dans les airs. L'entame de Supermassive Black Hole est accueillie très favorablement par une audience qui le reprend en choeur. Le groupe sort à nouveau de scène puis revient tout de rouge vêtu. Les vidéos derrière eux les représentent clonés. Le public clappe et chante en rythme sur l'offensif Uprising voyant Matthew Bellamy jeter sa guitare à de nombreuses reprises sur la fin du titre. Nouvelle disparition de la troupe avant un retour sur Starlight qui permet une dernière fois de s'activer les mains avant que le groupe ne nous remercie d'être venus et ne récidive d'exprimer son amour pour notre pays.

Quoiqu'on en pense musicalement, Muse ont encore assis ce soir leur position de groupe capable de déchainer une foule de 80000 personnes pendant plus de deux heures. Si certains choix artistiques restent discutables, ils ont au moins le mérite de tenter des effets de mise en scène de façon plus ou moins réussie. On retiendra au final de cette prestation la joie d'avoir entendu de nombreux classiques. Le public ressort en grande partie enthousiaste par le spectacle qui lui a été proposé. Comme expliqué en introduction, ce genre de superproduction n'est à prendre que pour ce qu'elle est, un bon moment à passer entre amis et c'est bien là l'essentiel. Mission une nouvelle fois accomplie.
setlist
    POLLY MONEY
    Non disponible

    DIZZEE RASCAL
    Here 2 China
    Bassline Junkie
    Fix Up, Look Sharp
    Dance Wiv Me
    Something Really Bad
    Love This Town
    Holiday
    Bonkers

    BIFFY CLYRO
    Stingin' Belle
    The Captain
    Sounds Like Balloons
    Biblical
    That Golden Rule
    Spanish Radio
    Many Of Horror
    Bubbles
    Black Chandelier
    Mountains

    MUSE
    The 2nd Law: Unsustainable (intro)
    Supremacy
    Panic Station
    Plug In Baby
    Map Of The Problematique
    Resistance
    Animals
    Knights Of Cydonia
    Dracula Mountain (Lightning Bolt cover)
    United States Of Eurasia
    Butterflies & Hurricanes
    Monty Jam
    Feeling Good
    Follow Me
    Liquid State
    Madness
    Time Is Running Out
    Dead Star
    New Born
    Unintended
    Blackout
    Undisclosed Desires
    ---
    The 2nd Law: Unsustainable
    Supermassive Black Hole
    Survival
    ---
    The 2nd Law: Isolated System
    Uprising
    ---
    Starlight
photos du concert
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