Wojtek Godzisz

Calfeutrée dans la chaleur d’un bistrot parisien en ce début d’automne, je demandais à un ami s’il connaissait Wojtek Godzisz. A en juger par son air ahuri, je concluais que non, je n’étais pas la seule à n’avoir jamais entendu de cet artiste. « Wojtek, Wojtek… Ce n’était pas le nom de l’ours brun syrien adopté par l’armée polonaise dans les années 40s ? ». Si, si... Mais en dépit de l’apparence hirsute de l’ancien bassiste de Symposium, notre artiste n’a rien à voir avec le fameux soldat ours.

Depuis la fin de son groupe de jeunesse en 2000 en raisons de divergences artistiques, Wojtek Godzisz a pu laisser libre court à sa propre évolution musicale, recherchant un son nouveau. Déjà compositeur et co-auteur de plusieurs titres pour Symposium, il a, pour cet album éponyme (et imprononçable), développé toute une palette d’instruments, du piano au violoncelle, en passant l’accordéon et la flute.
Le premier refrain de The Moon And The Yew Tree et les « wow hoho » chantés à l’unisson donnent le ton de l’album : un fin mélange d’influences telles Arcade Fire pour l’énergie communicative ou encore Queen pour la grandiloquence à la limite du « rock-héros ». Par ailleurs, A Million Cold Black clôt ce premier opus sur le même ton, en quasi petite sœur de The Moon And The Yew Tree , à la façon d’un générique de jeu de rôles.
Autrement plus enragée, Ace Of Pentacle fait renaitre les premières amours de Wojtek, un son métal plus lourd, témoin des influences passées, à secouer la tète sur un solo de guitare enflammé. En revanche, le titre suivant, Sinner’s Song, nous rappelle justement que Wojtek a changé d’horizon, et les cuivres présents sur cette jolie mélopée nous le confirment totalement ! Le morceau phare de l’album est sans conteste Beltane, qui de ses « ha y ya y ya y ya » guerriers vous soulève pour une folle épopée vers un univers d’un autre temps.

Alors comment l’expliquer ? En dépit d’un certain coté « chevauchée fantastique » un peu désuet, l’album Wojtek Godzisz reste accrocheur néanmoins, et finit par vous faire partager son entrain. Pour preuve, The Book Of Law, morceau quasi risible avec son introduction improbable et son refrain façon super héro, finit tout de même par vous faire taper du pied subrepticement ! Au final et en toute conscience, on peut dire que, oui, l’album de Wojtek Godzisz possède uyn fort penchant « ringard, mais j’assume », mais oui, de temps en temps, à fond dans le poste, ça fait du bien !