Aidan Moffat

Aidan John Moffat, la moitié la plus barbue et la moins joyeuse d’Arab Strap livre un album tellement mélancolique et court qu’il en donne envie de sourire. Il n'est pas question de se moquer de ce mini disque, mais de sourire car manifestement Aidan s’amuse à construire ses morceaux miniatures. Pour caser dix vraies chansons sur un 45 tours, il faut faire vite. Il aurait pu faire traîner ses histoires sur trois minutes, ou se la raconter sur quinze, mais en quatre-vingt secondes maximum l’artiste balance tout. Un son, une mélodie, quelques mots, c’est tout ce qu’il lui faut pour créer des chansons entières.

Chaque titre possède un équilibre parfait et ne donne jamais l’impression d'être une ébauche ou un exercice de style. Au contraire, rarement la forme n’aura aussi bien servi le propos d’un album : des chansons courtes pour les couples modernes. Le dépouillement musical, très lo-fi et acoustique, illustre à la perfection l'esprit « vivre d’amour et d’eau fraîche ».
La diversité des styles musicaux (folk plus ou moins hippie, indus, ballade japanisante...) rappelle qu’il ne faut pas sombrer dans la routine pour faire durer son couple. Quant à la brièveté des chansons, justement, elle invite à saisir l’instant présent, car le disque se termine très vite et sans crier gare.

A l’heure du saucissonnage d’albums via le téléchargement (légal) au morceau, du SMS et du tweet de 140 caractères, nous tenons là une belle démonstration de synthèse sans perte de sens. On en viendrait à rêver d'entendre de la musique de qualité dans les ascenseurs. En attendant, écoutez ce disque au moins par curiosité, il y a même des chances pour que vous l’aimiez.