Fair Ohs

Fair Ohs sont restés passablement silencieux depuis la sortie de leur premier album Everything Is Dancing. Une attitude finalement assez rare dans notre société supra-connectée où les groupes alimentent en permanence leur flux d'informations afin d'entretenir une fan base volage. S'auto-produisant, nos trois pharaons britons n'ont que faire de cette besogne de petite vertu. L'avantage avec ce calme relatif, j'ai pu écouté le disque d'une oreille vierge comme la fille du voisin, prêt à ouvrir mes chakras aux griffes leurs Jungle Cats.

En accordant leurs vibrisses, nos chats sauvages ont décidés de creuser la ravine amorcée sous l'averse afro-tropicale d'Everything Is Dancing (Green Apple Milk, Ya Mustafa) et ont, par la même occasion, mis un peu d'eau dans leur sirop de baobab (Salt Flats).
En chemin pour la jungle et la visite d'une plantation de cacao fair (ohs) trade, leur avion pour Lagos semble avoir été détourné par un extrémiste salafuzz vers San Francisco. Nos touristes égarés y auraient semble-t-il rencontré Thee Oh Sees, Ty Segall et consorts (Panama Red Jets), les convertissant dans un joyeux bang vaporeux aux volutes psychédéliques (Cayman Brac) du revival garage. La réaction psychotique à cette escale West Coast est pour le moins surprenante : Citric Placid en particulier commence en transe dans un math-rock tribal et se termine en apothéose dans un twist final sale et sauvage ; effet que ces coquins réitèreront d'ailleurs sur Mayan Flex.

N'en déplaise à grumpy Mélanchon, la mondialisation a parfois du bon. Certes, à moins qu'il ait voyagé dans un cargo à containers, le bilan carbone du groupe ne doit pas être très à son avantage. Peu importe, sans vendre leurs âmes au diable, les Fair Ohs ont étoffé leur tropicalisme avec réussite. Il risque encore de chatouiller, tout l'été, les pattes de vos doubles en poupées voodoos.