Frank Turner

Frank Turner est un bourreau de travail, on le savait depuis longtemps, et c'est donc avec une rigueur quasi stakhanoviste qu'il publie aujourd'hui le troisième volet de ses récréations musicales : The Third Three Years. On l'avait laissé avec un album fabuleux, Tape Deck Heart, et on le retrouve aujourd'hui dans son plus simple appareil, là où il excelle, dans la folk acoustique, les reprises toutes plus personnelles les unes que les autres, pour vingt-et-un titres facétieux, destinés aux fans et aux les autres.

Frank Turner semble sans relâche alterner EPs, albums studios, tournées et compilations et ce Third Three Years, moins conventionnel que les productions studio, lui permet aujourd'hui de s'amuser encore plus que d'habitude et ainsi de nous livrer une vingtaine de pépites, prouvant, si l'on en voyait encore la nécessité, ô combien ses talents sont nombreux.
Ici plus que jamais, les reprises tiennent une place de choix : qu'il s'agisse du Somebody To Love de Queen (connue des fans depuis de nombreuses années puisque Turner aime à la reprendre à la fin de chacun de ses concerts), du Born To Run de Springsteen ou encore de cette très poignante version acoustique de Tom Petty et son American Girl ou encore du Bigfoot des Weakerthans, chaque cover relaie les accointances musicales de l'Anglais. A côté de ces reprises, des hommages aussi à ses potes : on retrouve en effet le Dan's Song en live, avec toute la fureur dont Frank a le secret, en mémoire à son ami Dan disparu. D'autre part, on sait que Frank Turner a toujours été un pilier de la scène punk et par Kiera, il fait aujourd'hui honneur à Tony Sly, leader de No Use for A Name, décédé prématurément il y a peu.

Dans ce troisième volet des Three Years, outre les reprises, nous retrouvons aussi des versions démo ou acoustiques de titres sortis dernièrement. Les versions folk acoustiques et le goût de Turner pour la folk traditionnelle sans pour autant qu'il oublie son passé punk deviennent aujourd'hui plus que jamais sa marque de fabrique. Nous retiendrons tout particulièrement la version de The Way I Tend to Be (présente sur le dernier album studio Tape Deck Heart) et sa mandoline.

Dans cette compilation très complète, Frank Turner partage avec nous son amour pour la musique et nous démontre une nouvelle fois sa grande force, à savoir son talent d'interprétation, qu'il s'agisse de reprises ou de réinterprétations de ses propres compositions. Finalement, son Plain Sailing Weather dans le plus simple appareil viendra poser le point d'orgue : la force de ses chansons et son charisme inimitable.