Little Barrie

En quatre albums, les anglais de Little Barrie ont tranquillement creusé leur sillon dans le petit monde du rock indé, rayon influences sixties. Depuis Shadow, sorti en 2014, le groupe en a aussi profité pour enregistrer le générique de la série Better Call Saul, titre éponyme qu'on retrouve en clôture de Death Express, album en forme de western psyché mod.

Car écouter Death Express , c'est comme découvrir, caché au fond du grenier de mamie, l'album impossible qu'auraient enregistré Jimi Hendrix, Brian Jones et Kenny Pickett (lead singer de The Creation), tout en dépoussiérant un pan complet des origines de la plupart des groupes anglais modernes. On se retrouve emporté par le tourbillon d'un double LP -une gageure à l'ère du single numérique- de vingt titres hypnotiques, blues et soul, lorgnant parfois du côté de Kasabian ou de The Last Shadow Puppets. Car les Little Barrie se fichent pas mal de savoir si l'album sera diffusé sur les ondes, si un public jeune va aimer, et on se demande même s'ils ne se fichent pas de savoir s'il va se vendre. Clairement, et comme depuis leur tout premier album, ils font ce qui leur plait, ce qui vient de leurs tripes - entendez un rock cru, brut, mettant en avant l'indéfectible rythmique du duo Lewis Wharton à la basse et Virgil Howe à la batterie, la guitare ardente et la voix tantôt nasillarde tantôt rentre-dedans de Barrie Cadogan.

Rentrer dans le détail des titres n'aurait pas de sens car une chanson ne s'entend pas sans la suivante. Il faut prendre le temps d'écouter cet album, se poser tranquillement, laisser la musique se frayer un chemin, laisser les instrumentaux, comme Bill$ House aux accents Doors, prendre leur ampleur. L'album est conçu comme un film : un premier titre « générique » - quarante secondes - suivi de chansons conçues comme les différentes scènes d'un road movie/film de gangster - cocher la case qui vous conviendra le mieux et se termine sur le fameux Better Call Saul.

Little Barrie, c'est la conscience du rock anglais, la conscience d'un passé glorieux, d'un présent incertain et un majeur dressé à l'Histoire musicale contemporaine. Pas de message politique, pas de fioritures inutiles, juste de la Musique. Avec un grand M.