Jack Garratt

C'est avec seulement deux semaines de décalage que Jack Garratt nous offre son second album depuis ses prestations de début mars, étant l'un des derniers artistes appréciés en live avant le confinement.
La mémoire est donc encore fraiche malgré les mois écoulés pour écouter ce Love, Death & Dancing qui, comme expliqué dans notre live report du concert du 3 mars dernier aux Étoiles à Paris, évoque une rémission suite à un burn out généralisé qui a fait plonger Jack Garratt dans les ténèbres durant quatre années.

Suite à l'excellent accueil de Phase en 2016, alors considéré comme l'un des plus prometteur jeune talent de la scène électro britannique, et avec assez de matériel pour faire un second album fin 2017, Jack Garratt est malheureusement passé par la case dépression lui ayant fait littéralement jeter aux orties l'intégralité de son travail alors achevé.
Un long silence qui a heureusement trouvé une issue heureuse, Jack Garratt ayant réussi à se sortir de ce marasme grâce à son épouse, son thérapeute et son public fidèle.

Love, Death & Dancing annonce déjà de par son titre le spectre large des émotions parcourues. Musicalement parlant, Garratt continue de nous épater avec ses talents de multi-instrumentaliste. L'ambiance électro pop est évidement dominante, et là où certains morceaux de Phase poussaient un peu trop dans l'electro dance peu subtile, aucune chanson de ce dernier disque ne souffre d'une telle lacune.


L'entrée en matière est pétaradante. Return Them To The One débute avec la douce voix de Garratt accompagnée de simples notes au synthé pour ensuite s'emballer rageusement au son de multiples samples très amplifiés. « I'm Alive » nous déclare Garratt, et ce morceau qui se termine sur un dub endiablé nous le confirme.
Le disque propose de nombreux titres dansants qui rappellent les origines de l'artiste. Les gammes exécutées sur les claviers électroniques sont vastes, les rythmes saccadés, jamais linéaires et font furieusement se trémousser l'auditeur dans son salon (à défaut du dancefloor tant attendu). Get In My Way et Better en sont les meilleurs exemples, ces derniers nous surprenant avec le chant qui part dans les aigües.


Le disque semble scindé en deux parties, les titres le plus énergiques se situant au début. L'ambiance y est majoritairement electro, les rythmiques et orchestrations très riches donnant naissance à de petites pépites très entrainantes.
La seconde moitié voit le rythme s'adoucir et laisser place à une musicalité plus dépouillée. C'est ainsi que nous rentrons dans les morceaux liés à l'épreuve qu'a traversée Jack Garratt. C'est avec humilité mais sans tabou que les sentiments nous sont dévoilés. Le piano se fait enfin entendre, parfois à nu comme avec She Will Lay My Body On The Stone d'une beauté époustouflante. Doctor Please est tout en échos feutrés, Mara et Old Enough mettent habilement en exergue les capacités vocales de Jack Garratt, l'une étant délicatement interprétée et l'autre laissant la place à une voix rauque et un peu torturée.

Certains morceaux restent plus discrets car un peu plus lisses comme Time, alors que d'autres prennent des allures d'hommage à la funk sexy de Prince avec Anyone.
Le champ des possibilités est décidément large avec Jack Garratt qui ne s'est donné aucune limite. Le titre de clôture Only The Bravest étant le préféré de l'artiste selon ses propres termes, il relate la relation abusive que peut subir une personne et ce jusqu'à sa perte. Le titre grave fait néanmoins se terminer cette analyse thérapeutique de façon plutôt positive.

C'est donc avec un album très personnel et très riche musicalement que Jack Garratt effectue son retour que l'on peut qualifier de parfaitement réussi.