Jack Garratt

La soirée qui célèbre le retour de Jack Garratt à Paris après quatre années d'absence s'est révélée forte en émotions. C'est un nouvel homme que nous retrouvons aux Etoiles car revenu d'une longue dépression et toujours un peu en rémission, qui va partager à cœur ouvert sa relation à sa musique et son nouvel album intitulé Love, Death And Dancing, à paraître le 29 mai.

Il avait été rapporté dans la presse qu'en 2017, Jack Garratt avait atteint ce stade où son état émotionnel était si perturbé qu'il avait littéralement jeté aux ordures tout un album qu'il venait de terminer, le considérant comme "mauvais" car révélateur d'un état d'esprit qu'il ne maitrisait plus.


C'est donc tout en excuses et en modestie que se présente à nous Jack Garratt, entouré de sa machinerie faite de cinq claviers, deux guitares et d'autant de boîtes à rythmes, samples et autres pédales d'effets qu'il vient de ses pieds nus activer pour jouer avec des projections vidéo et des ampoules électriques venant nimber le club d'une atmosphère feutrée et issue d'un autre monde.

Comme pour dresser un parallèle avec ses émotions riches en couleurs mais encore fragiles, Jack Garratt nous propose un set de plus d'une heure où chaque titre sera entrecoupé de paroles venant littéralement donner du contexte. Et surtout, comme nous intégrant à son processus de guérison, sa thérapie étant officiellement terminée, les échanges relèvent de l'intime sans être déplacés. Jack Garratt ne souhaite pas nous mettre mal à l'aise mais ressent le besoin de justifier cette longue absence.

A quelques titres de son album précédent, Phase, succède une bonne moitié de nouveautés que l'on découvre en exclusivité, et qui selon le musicien sont ses morceaux préférés. Les deux plus poignants sont ceux écrits en l'honneur de sa femme dont il nous explique qu'elle a été celle qui l'a maintenu hors de l'eau durant ces années difficiles, et le titre clôturant le concert, Bravest, qui traite d'un ami proche qui a subi une relation abusive, chose qui semble malheureusement le cas de beaucoup que cela soit dans le cadre personnel comme professionnel.


S'agissant du rythme, les morceaux très électro épurés enchainent avec les ballades a capella, simplement interprétées à la guitare. Nous oscillons donc de l'énergique au mélancolique au grès de cette setlist dont le choix a fait l'objet d'un soin particulier. Jack Garratt nous avoue avoir redouté ce retour sur scène, se sentant coupable d'avoir disparu durant tout ce temps. Néanmoins, il ne pouvait en être autrement car cette phase lui a permis de développer la difficile faculté de s'octroyer de la bienveillance.

Le public parisien a prouvé à Jack Garratt qu'il lui accorde tout son crédit et son affection, l'accueil ayant été très chaleureux tout au long du set. Nous attendons avec impatience de découvrir le prochain album dont l'anglais nous a assuré que quoi que nous en pensions, il considère ce nouvel opus comme le meilleur qu'il ait tiré de lui-même depuis longtemps.