Bear's Den

Le duo tout en barbe Bear's Den, constitué de Andrew Davie et Kevin Jones, continue de nous enchanter avec un nouvel album studio suite à deux EPs de noël (Only Son Of The Falling Snow et Hopefully, It's Christmas) et un disque symphonique recréant l'atmosphère de leurs tournées de 2018 (Fragments). Détenteurs d'une belle formule magique donnant naissance à une pop folk atmosphérique des plus raffinée, les Anglais reviennent avec Blue Hours, album aux sonorités toujours aussi gracieuses mais traitant d'un sujet très sérieux : la détresse psychologique liée à la dépression et autres pathologies mentales bien trop souvent ignorées voire moquées, pointant du doigt le fait que le sujet frise le tabou particulièrement chez la gente masculine.

Andrew Davie et Kevin Jones abordent ainsi un sujet grave en toute sincérité, chacun d'entre eux ayant connu ces troubles à différents moments de sa vie. C'est pourquoi le sujet est sensible et le meilleur moyen qu'ils aient trouvé pour toucher leur auditoire est de retranscrire leurs ressenti et expérience au travers de dix titres teintés d'une grande émotion.


Blue Hours, ou « les heures bleues », titre évoquant le blues ou spleen de ces tristes passages à vide, offre une musicalité déjà bien connue des fans de Bear's Den. Nous restons dans un répertoire pop très orchestral, où les guitares sont systématiquement mises en exergue par des synthétiseurs qui font raisonner ces mélodies de façon lunaire. Le duo offre un chant en canon à la fois doux et puissant, les voix des eux anglais s'unissant à la perfection.
Frightened Whispers, Gratitude et le single Shadows sont trois morceaux qui, en se suivant dans le tracklisting, offrent à eux seuls la quintessence de l'esprit de l'album. Les textures sont riches et réconfortantes, notamment grâce aux cuivres, tout en délivrant une espèce de fragilité se dégageant particulièrement grâce au chant qui glisse sur ses longues nappes de piano, instrument clé de la musique de Bear's Den.


Tout en nous charmant de titre en titre, l'écoute demeure cependant un peu répétitive. Toujours soignés, les morceaux manquent sur la longueur d'un peu de relief, ce qui est dommage tant le duo sait nous prouver que sa plume peut aller bien au-delà de cette pop dreamy qu'il maîtrise déjà parfaitement. C'est pourquoi le live est la condition parfaite pour apprécier à leur juste valeur les compositions des deux musiciens. Hélas, la tournée Blue Hours démarrée le mois dernier et menant le groupe en Europe, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ne s'arrête pas par la France. Ça n'est pourtant pas les mélomanes qui manquent en notre belle contrée et les douces mélodies de nos deux ours sauraient trouver un bel accueil dans une de nos tanières à concerts. Une autre fois, espérons-le.