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Bear's Den
Ben Howard

Paris, Trianon - 24 mai 2012

Live-report par Sandra Stefanini

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Après des semaines de pluie intensive et intempestive, Paris connaît enfin les premières chaleurs du printemps et un ciel d’orage semble se préparer au dessus du Trianon qui s’apprête à accueillir une affiche doublement british ce soir. Ainsi, je fais comme tout le monde, je ne flâne pas et je me dépêche de rentrer à l’intérieur.

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Dans la salle, il fait moite et étouffant... ah les vieilles salles parisiennes et leur légendaire absence de climatisation. Peu importe car voilà que commence le concert de Bear's Den. Dès les premières notes, autant vous dire que plus rien n’a d’importance. Voilà donc le nouveau groupe d’Andrew Davie, ancien leader de Cherbourg. Malgré la chaleur, on s’approche, attiré par la musique comme un lapin par les phares d’une voiture. De longues mélodies, douces et entêtantes, toutes en émotions contenues, comme si l’orage qui guette à l’extérieur pouvait à n’importe quel moment éclater à l’intérieur.
Évoluant au milieu de lumières orangées, le groupe, comme entouré d’un chaud soleil d’été, nous joue une folk tranquille et puissante qui n’est pas sans rappeler Neil Young et son Harvest. L’apogée de ce court set arrive avec le magnifique Pompeii qui, tel le Vésuve, emporte tout sur son passage, laissant derrière lui un public médusé. Je crois bien n’avoir jamais assisté à un accueil si chaleureux pour une première partie.

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Le temps d’aller chercher de quoi se rafraîchir, et c’est au tour de la tête d’affiche de ce soir d’arriver sur scène. Le jeune troubadour du Devon, alias Ben Howard, arrive ici comme le Messie. Son arrivée déclenche la quasi hystérie des hordes de jeunes anglaises aussi distinguées qu’assoiffées. Dans le public, des couples également : lui semble moyennement apprécier, elle est définitivement sous le charme. Et des papas et mamans aussi, venus accompagner leurs grands enfants qui, avant de passer le baccalauréat, assistent peut-être là à leur premier concert.
Mais revenons en à Ben Howard, posté sur le côté droit de la scène avec sa guitare électro-acoustique, et accompagné de ses trois musiciens. Le jeune anglais joue ce soir devant un Trianon complet et conquis d'avance. Je ne ferai pas durer le suspense : ce cher Ben, aussi talentueux soit-il, ne casse pas trois pattes à un canard sur scène. Oui, les mélodies ciselées et la voix sont toujours là, mais rien ne se passe et côté émotion on reste sur le carreau et notre faim. Force est de constater que Only Love et son interprétation légèrement trop sirupeuse pour être efficace semble pourtant faire son effet sur le public féminin cité plus haut. L'interprétation plutôt linéaire fait se ressembler les morceaux qui s'enchainent, et ce jusqu'au fameux The Wolves. Single, on s'attend à voir la prestation décoller : cela commence bien avec les choeurs, mais la chanson dure malheureusement cinq minutes de trop, pendant lesquelles Ben Howard fera répéter le mot "Love" à un public visiblement friand de cours d'anglais. Les minettes ont beau chanter et hurler à Ben qu’elles veulent l’épouser, de mon côté seul l’ennui s'installe et perdure par la suite.

Je ressors du Trianon avec la nette impression d’avoir assisté à un excellent concert folk suivi d’un bon concert de variété. Le talent indéniable de Ben Howard ne pallie malheureusement pas un certain manque d'authenticité et une prestation restée coincée dans un registre commercial. En réalisant que les deux artistes sont signés chez Communion Records, je me dis que l’on trouve de tout pour tout le monde chez ce label. Je me dis aussi que je lancerai bien une pétition pour l’installation de la climatisation dans les salles parisiennes.