Foals

Trois ans après le double chapitre Everything Not Saved Will Be Lost, Foals nous livrent leur sixième album studio. Avant de l'écouter, je dois dire que c'est un disque auquel j'ai voulu croire. Par le passé, le groupe a parfois suivi des chemins un peu sinueux mais au final, il ne s'est jamais perdu en route. La lecture d'un commentaire le lendemain de leur concert en mai au Zénith de Paris m'avait pourtant mis la puce à l'oreille : « J'ai kiffé grave le concert hier mais je n'ai pas aimé les nouveaux morceaux ». Alors certes, c'est juste un simple avis, et je n'ai pas assisté à cette performance live. Malgré tout, cet avertissement, même si j'ai bien tenté de ne pas y donner trop d'attention, s'est révélé assez en phase avec mon ressenti final après bon nombre d'écoutes de Life Is Yours.

Tout d'abord, il faut bien dire que le single Wake Me Up est une boucherie sonore. La production, notamment du son de batterie écrasant tout sur son passage, est juste insupportable. Et que dire des cœurs répondant « Oh no » à tout bout de champ aux interrogations chantées par Yannis. Bref, le premier aperçu de ce nouveau disque semblait plus inquiétant qu'autre chose. Et que dire du très commercial et littéralement raté Looking High qui n'a fait que renforcer mes craintes sur le contenu de cet album. Alors, lorsque débute Life Is Yours avec le titre du même nom, on croit rêver tant Foals ont pris la tangente en décidant de mettre au second plan ce qui faisait leur marque de fabrique : les guitares. Pourtant après deux ou trois écoutes, Life Is Yours (la chanson, pas l'album, malheureusement) s'apprécie mieux. Sans que celle-ci soit véritablement excitante ou particulièrement réussie, elle donne, forcément, envie de se trémousser et surtout (d'essayer) de se laisser aller. Mais essayer ne suffit pas toujours, surtout quand Wake Me Up lui emboîte le pas et refroidit instantanément.

Le très synthétique et terriblement eighties 2am se fait également acceptable après quelques écoutes. Sans vraiment nous réconcilier avec le groupe, la chanson nous donne la force de poursuivre la découverte du disque. Malheureusement entre les guitares funky et la partie vocale qui s'approche de plus en plus des Bee Gees, 2001 nous fait lever les yeux au ciel et nous laisse dans l'incompréhension. Bien entendu, on comprend tout à fait que Foals ont voulu changer de cap musical, mais on a du mal à comprendre pourquoi s'engager sur une voie aussi commerciale, alors que le succès était déjà largement au rendez-vous.
Il faut bien avouer une chose : on prend assez peu de plaisir à écouter cet album. Crest Of The Wave est une autre variante passable de ce disque, sans que l'on y retrouve l'âme de ce groupe qu'on a beaucoup aimé par le passé. Wild Green avec ses réminiscences eighties disco évite probablement ce qu'on pourrait qualifier de naufrage. Mais que penser d'une telle conclusion d'un disque, surtout en se remémorant I'm Done With The World, A Knife In The Ocean ou encore Moon. Du début à la fin de Life Is Yours, Foals restent d'une constance incompréhensible.

Foals ont toujours aimé l'électronique. Déjà à l'époque de Antidotes, les remixes étaient d'actualité. La récente sortie de Collected Reworks fait forcément sens dans le fait que les Anglais ont décidé de s'engager dans cette voie, ce qui peut paraître presque contradictoire avec le départ l'année dernière d'Edwin Congreave, claviériste du groupe. Il est possible que la crise sanitaire et le COVID-19 aient donné des envies de liberté et de danser à Yannis et au groupe, ce que l'on peut l'admettre. On aurait toutefois préféré que le son du disque se rapproche de certains remixes du passé.

En résumé, si Life Is Yours avait été un EP de quatre titres, cela nous aurait largement suffi.