Arab Strap

Cet album me rappelle une page de Gotlieb. C'est l'histoire d'un vieux dessinateur qui ne trouve plus de blagues et qui convoque la mort pour en terminer avec son existence terrienne. Et à chaque fois que la grande faucheuse se pointe, il lui y arrive une crasse qui redonne de l'inspiration au vieux qui du coup réclame un sursis.

Dans The Last Romance, c'est juré craché, les deux protagonistes d'Arab Strap ne se feront plus avoir au jeu de l'amour et de la déception. Nous n'aurons plus de chansons humides et sombres comme un après-midi de novembre à Glasgow. Finies les complaintes amoureuses à moitié parlées, à moitié articulées avec une boite à rythmes qui vous cassent les tympans déjà abîmés par des accords de guitares grinçants.

Et puis une fille passe, pas assez jolie pour un magazine mais avec un regard qui vous prend au tripe et un déhanchement... C'est suffisant pour les faire replonger et comme à chaque fois le choc est plus violent. Pour ce sixième album, la rencontre est d'autant plus brutale qu'Aidan Moffat (sous le nom de L Pierre) et Malcom Middleton ont chacun sorti des albums solo en 2005. Ils ont rapporté de ces expériences une nouvelle collection de sons qui s'empilent et dégringolent dans un vacarme strident.

A force de se prendre des rateaux, Arab Strap s'endurcit au point de rendre les coups qu'il reçoit. A l'écoute de Don't Ask Me To Dance il faudrait être sourd pour ne pas le comprendre. Ce disque porte moins de désespoir et plus de rancœur. Mais bien sûr ce n'est que de l'art, les deux faux tristes d'Arab Strap jouent le rôle qu'ils veulent.

A moins d'aimer se faire du mal, ce n'est pas un disque à écouter tous les jours. N'oubliez pas pour autant de les voir en concert, sur scène ça marche très bien.