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Naima Bock
Arab Strap

Paris, Trabendo - 9 novembre 2022

Live-report par Emmanuel Stranadica

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De nombreux artistes se produisaient dans une salle parisienne en ce mercredi 9 novembre. Aussi, en arrivant au Trabendo vers 19h30, je ne pouvais que constater le vide dans la salle généré en raison de la concurrence. Et pourtant, cela faisait tout de même seize ans qu'Arab Strap ne s'étaient pas produits dans cette même salle (ndlr : le 28 novembre 2006 novembre très précisément), ce qui coïncidait également avec leur dernier passage en date à Paris. C'était donc un petit évènement en soi de retrouver les Écossais sur scène à l'occasion d'une tournée de quatre dates en France.


Doucement la salle commence à se remplir, et à 20h Naima Bock ouvre cette soirée avec ses quatre musiciens. Bonnet sur la tête, positionnée sur la gauche de la scène, la jeune anglaise à la voix profonde et parfois perchée déverse, pour débuter son set, un folk planant avec des morceaux souvent à rallonge, frôlant parfois l'improvisation. Le public découvre attentivement les compositions à tendance progressive du premier disque solo de la chanteuse : Giant Palm. Les compositions sont très éloignées de celles produites par Goat Girl, son ancien groupe. Les mélodies tournent parfois à l'ambiance bar jazz, autant dire que le set est assez éclectique, avec les nombreuses influences musicales de la britannique. Quarante-cinq minutes de concert, incluant un ultime morceau en groupe, alors qu'on pensait que Naima Bock venait de conclure avec un titre solo acoustique. C'est assurément le signe que celle-ci était ravie de jouer ce soir au Trabendo.


Une vingtaine de minutes pour reconfigurer la scène et la lumière s'éteint dans un Trabendo rempli aux deux tiers. Résonne alors Long Way Around The Sea de Low, morceau d'ouverture du concert des écossais en hommage à la disparition toute récente de Mimi Parker. La chanson se déroule jusqu'à son terme dans la salle dans un silence quasi-religieux. Une lumière rouge éclaire alors la scène, une boîte à rythmes introductive démarre annonçant que les Glaswegians vont attaquer leur set avec l'impeccable The Turning Of Our Bones. Aidan Moffat, chemise noire et bermuda, remue sur scène comme un fauve en cage. Sa voix grave et son chanté-parlé sont intacts. Le son est excellent et le merveilleusement électrique Fucking Little Bastards est enchaîné directement après cette ouverture. On a déjà conscience que l'on va assister à une prestation de haut niveau des cinq artistes sur scène. Malcom Middleton, sur la gauche de la scène, casquette vissée sur la tête, se fait discret tout en faisant rugir puissamment sa guitare. Le groupe va nous proposer pendant le concert un panorama de morceaux extraits de la discographie d'Arab Strap, à commencer par une version explosive de Girls Of Summer qui reçoit un tonnerre d'applaudissements du public alors qu'elle se termine dans un tintamarre vertigineux.

Aidan Moffat remercie le public et annonce le morceau suivant avec l'humour qu'on lui connait : « C'est une chanson sur la baise, sur le sexe. Sa contraction est "shaggsexing" » lance-t-il avant d'entamer Compersion, Pt.1. On replonge ensuite vers les débuts de la carrière d'Arab Strap. New Birds et sa mélancolie nous démontrent combien ces Écossais nous sont musicalement précieux. En fin de chanson, le leader du groupe quitte la scène laissant ses acolytes continuer à faire rugir leurs instruments. Celui-ci revient rapidement et s'enchaîne alors le puissant Keybabilon sur lequel Aidan donne des coups de baguette sur sa batterie électronique. Le son est puissant, les db montent jusqu'à 105 dans la salle. La prestation du groupe est vraiment incroyable et les musiciens sont au sommet. Si As Days Get Gark est évidemment à l'honneur, certaines vieilleries font littéralement vibrer la salle. C'est le cas de Don't Ask Me To Dance avec son beat étouffant et ses lignes de guitare subtiles, tel un bijou au final terriblement animal. Blackness, quant à elle, se montre profondément sombre et sans concessions.
Le temps passe vite, trop vite. Fable Of The Urban Fox est renommée ce soir « Welcome refugees » par Aidan qui s'excuse de l'absence de merchandising. « Fuck Brexit » ajoute-t-il. Le concert se conclut avec leur premier 45 tours, The First Big Weekend, sur lequel nous avons enfin la chance d'entendre la voix de Malcom Middleton.


Après une courte sortie de scène, le groupe revient rapidement. Aidan semble ravi de boire du prosecco. L'audience réclame Here We Go, Not Quite A Yes, mais sans succès. Les Écossais s'élancent pour un rappel de sad sexy songs débutant avec I Would've Liked Me A Lot Last Night (alors que la setlist mentionnait Packs Of Three), suivi de la toujours impeccable Speed-date également absente de la setlist originale. Les trois musiciens quittent la scène, laissant Aidan et Malcom seuls pour une version acoustique de The Shy Retirer, terminant ainsi de la plus belle des manières un concert maîtrisé de bout en bout. Low sont alors de nouveau à l'honneur avec More en bande son.

Tel un granit brut, le duo Arab Strap a déployé la majesté musicale de ses compositions pendant une heure et quarante minutes. Après cette sublime performance, on espère simplement qu'il ne sera pas nécessaire d'attendre à nouveau seize ans pour pouvoir retrouver le groupe sur une scène à Paris.
setlist
    THE TURNING OF OUR BONES
    FUCKING LITTLE BASTARDS
    GIRLS OF SUMMER
    COMPERSION, PT.1
    NEW BIRDS
    KEBABYLON
    HERE COMES COMUS!
    PIGLET
    DON'T ASK ME TO DANCE
    LOVE DETECTIVE
    BLACKNESS
    TEARS ON TOUR
    FABLE OF THE URBAN FOX
    THE FIRST BIG WEEKEND
    ---
    I WOULD'VE LIKED ME A LOT LAST NIGHT
    SPEED-DATE
    THE SHY RETIRER
photos du concert
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