Un simple nom peut changer la donne. Il est en tous cas source de curiosité, d'excitation, et peut révéler un monde incroyable. Qui aurait pu penser à de tels trésors derrière des noms aussi banals que The Cure ou The Smiths ?
Pour ce qui est d'Amber Strawbridge, le choix du nom qui accompagne son projet solo semble être le souvenir de l'ennui profond ressenti durant les périodes estivales dans une vieille maison à la campagne.
Ainsi vous pourrez bien penser ce que vous voulez de Bored At My Grandmas House, vous aurez tout de même assez de mal à faire croire qu'il n'éveille pas en vous quelques interrogations légitimes. Pour certains d'entre vous la découverte ne sera peut-être pas totale puisque la musicienne s'est déjà signalée avec son EP Sometimes I Forget You're Human Too sorti en 2021. Il était alors question d'une petite musique pop très DIY légèrement baignée dans des influences shoegaze. Quelques deux ans plus tard, Amber Strawbridge nage dans les mêmes eaux, mais sa musique a gagné une certaine densité, mise en avant par la production très ronde qui émane de Show & Tell, son premier album. Celui-ci dévoile une certaine naïveté, un amour des choses simples qui nous est conté par le chant assez doux et tubulaire de l'anglaise. Surtout, l'enthousiasme était grand après l'écoute du merveilleux single Show & Tell dévoilé quelques mois plus tôt. Ce titre absolument réjouissant parvient à mêler une intelligence folle dans la composition de ce petit morceau à la fois délicat et pourtant solide, porté par une mélodie principale totalement imparable. Vous avez ici le sommet de cet album, et c'est peut-être là que se situe le problème. Car malheureusement, Show & Tell peine à emballer son monde à la hauteur de son titre éponyme.
Bien sûr on se réjouit de la mélodie de Frienship Bracelets, même si on pourra toujours disserter du sujet. Ce son rond caractéristique de la plupart des titres a quelque chose de vraiment agréable comme sur le dépouillé et clair Inhibitions. Pourtant, quelque chose ne colle pas, et Amber Strawbridge semble parfois tellement forcer le trait qu'on cherche où se situer avec ces ambiances parfois sucrées à l'excès. Le problème est que ce qui passe magnifiquement sur Show & Tell devient très vite beaucoup plus compliqué sur des compositions moins inspirées comme We See The World ou Moving Slow. Même à essayer d'y croire de toutes ses forces, bien difficile de se laisser embarquer malgré les efforts déployés par Amber. Le constat est similaire sur I Like What You Bring Out In Me, bien trop poli et évident pour remuer quoi que ce soit.
Imposter Syndrom ou Heavy Head parviennent pourtant à sortir l'ensemble du fade, mais tout cela reste encore trop juste pour convaincre sur la durée, et Bored At My Grandmas House tombe malheureusement à côté du sujet malgré quelques promesses. L'ensemble manque de vie, d'à-propos, pour tenir sur la longueur. Le talent de Amber Strawbridge n'est pas à remettre en question, et il est peu probable que vous partiez en courant, car Show & Tell a en lui assez de douceur pour vous retenir, et vous faire passer un moment agréable. Néanmoins, à ce compte, peut-être vaut-il mieux envisager ce premier album comme une façon de tâtonner, comme une marche encore peu assurée vers quelque chose de plus solide et convaincant.