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Midem - Dimanche 27 janvier 2013

Dossier réalisé par Olivier le 9 février 2013

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Annoncée au dernier moment, la Ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, ne pouvait manquer le premier grand rendez-vous de l’industrie du disque depuis sa nomination.

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Déçu, pour ne pas dire cassant avec ses prédécesseurs, Frédéric Mitterrand en tête, ce secteur d’activité a pris pour habitude d’écouter les promesses de ministres, sûrement sincères mais très limités dans leurs marges de manœuvre, et de ne prendre aucune promesse de financement pour argent comptant. La tâche de la Ministre est donc dramatiquement compliquée, alors qu’on nous promet, depuis longtemps maintenant, un niveau de crise en adéquation avec l’inculture planifiée de tout un pan de notre population.

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Pourtant, malgré un manque de charisme et de métier évidents pendant ses discours, Aurélie Filippetti, à l’occasion de son point presse de début d’après-midi, ne fait pas l’erreur de promettre la lune, d’enjoliver son action ou de cacher la situation. Elle se retranche derrière la mission Lescure qui, fin mars, rendra son avis sur la musique, son marché et les moyens de le dynamiser. Des orientations seront alors prises par le ministère. Celles-ci seront sûrement axées sur la taxation du numérique, de ses entreprises fleurons notamment, pour mettre sous perfusion, le temps nécessaire, les disquaires, les commerces multiculturels et l’industrie de la musique en général. L’accent sera également mis sur l’offre de téléchargement légal et la lutte anti-copie et anti-contrefaçon. Enfin, la renégociation avec l’Unedic des droits des intermittents sera une étape cruciale de l’année 2013 pour le ministère de la Culture. Pascal Nègre, à l’écoute sous le porche de l’auditorium, semble dubitatif... Il faut dire qu’avec sa fonction de PDG d’Universal France et ses trois autres nouveaux mandats privés dans l’industrie du disque, il n’est pas celui qui doute le plus.

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Après avoir appris comment lever des fonds pour son business musical, comment augmenter le trafic de son webzine rock.... il est temps de quitter les conférences du salon pour assister à la remise de l’ordre des Arts et des Lettres à trois personnages du monde de la musique : Lang Lang, pianiste chinois, Nelly Querol pour son rôle dans la musique classique et en tant que présidente de la Chambre Syndicale de l’Edition Musicale et Michael Kurtz, co-fondateur avec Chris Brown du Record Store Day.
Plébiscité par les plus grands noms de la musique partout dans le monde, le Record Store Day porte sur le devant de la scène un maillon incontournable de l’industrie musicale : les disquaires indépendants. Soutenu par des artistes comme Iggy Pop ou Blur qui n’hésitent pas à écrire des titres exclusifs pour défendre la cause, le Record Store Day voit sa portée augmenter d’année en année et les disquaires retrouver un brin d’oxygène dans leurs combats quotidiens et passionnés. Depuis 2011, la France participe à cette opération avec le concours de labels tels que EMI, Naive ou Because Music.
Ayant inspiré, de prés ou de loin, un film comme High Fidelity avec John Cusack et Jack Black, Michael Kurtz est un géant américain à la voie de chanteur rock qui ne s’attendait pas à ce que le pays des droits de l’homme reconnaisse son action. Ému au point de tenter quelques mots de français pour remercier Aurélie Filippetti d’avoir pris sur son contingent de médailles pour reconnaître son action, Michael Kurtz est venu avec cadeau : un 33 tours de Daft Punk, au tirage ultra limité et aux couleurs du film Tron 2. La Ministre de la culture, pas encore quadragénaire, le reçoit avec une joie sincère et l’embrassade de rigueur, signe distinctif de ralliement et d’appartenance aux métiers du spectacle !

Michael, félicitations pour ta décoration. Tu étais au concert de Madness hier soir, que penses-tu de la phrase de Suggs – toujours aussi goguenard – pendant le concert : « Le bateau musique est en train de sombrer... coulons tous ensemble » ! À une époque où la plus grande partie des titres musicaux s’échange de manière dématérialisée, que pouvons-nous faire, en marge du Record Store Day, pour sauver l’industrie du disque ?

Suggs a toujours eu le sens de l’humour ! Il faut nous concentrer sur l’art en lui-même. C’est plutôt compliqué, mais le Record Store Day a prouvé qu’il était possible de faire bouger les lignes. Si tu mets de l’amour dans la création d’un disque, qu’elle soit musicale ou graphique, des millions de personnes viendront l’acheter. Ils feront la queue pendant des heures pour se procurer l’objet. Il faut recréer l’excitation que procurait la sortie d’un disque, il y a encore peu... Madness, pour ne pas les citer, montrent l’exemple et créent à chaque fois l’excitation qui leur permet d’être toujours si écoutés et de vendre pas mal de disques, trente ans après.

Penses-tu que nous pouvons encore, sans faire du passéisme, renverser la tendance et aider ses millions de personnes qui possèdent des milliers de titres dans leurs lecteurs MP3 sans forcément connaître le nom des artistes qu’ils écoutent à apprécier et soutenir tout le travail qu’un disque requiert ?

Cela prendra du temps, mais nous parviendrons à renverser la tendance. Il faut recréer des connections humaines afin qu’ils ne voient pas tout cela seulement comme un dossier de données... Aujourd’hui, on a transformé la musique en un tas de fichiers informatiques sans âmes.

Pour toi, l’industrie de la musique et du disque en particulier n’est donc pas mourante ?

Non. Je vis à Los Angeles et, durant les dix dernières années, dix nouveaux disquaires ont vu le jour dans cette ville !

Une question plus personnelle. Est-ce que le film, High Fidelity est inspiré par ta vie ?

(rires) Tu sais, beaucoup de personnes dans ce secteur ont eu l’expérience de Jack Black qui gueule « Sors de mon magasin, tu ne mérites même pas que je te vende ce disque ! » ou de John Cusack dans ce film, en démarrant comme vendeurs de disques. C’est aussi pour cela que les gens vont chez les disquaires, pour avoir un contact. Tu pourrais bien rencontrer une fille ou un gars super mignon là-bas ! Mais, je ne sais pas et je ne veux pas savoir si ce film est inspiré par moi ou n’importe quel autre disquaire de l’époque. Ils le méritent tous de toute façon.

Avec un groupe de pop rock français, un peu de K Pop coréenne et quatre DJs hexagonaux pour conclure cette deuxième soirée du festival Midem et après des kilomètres parcourus depuis deux jours, le soir est bien choisi pour ne pas s’attarder, faire relâche et tenter de se coucher un peu plus tôt !
Birdy Hunt, qui ouvre le bal du dimanche soir, est un groupe Français composé de six musiciens proposant, depuis 2007, une pop rock assez fraîche, proche des mélodies les plus légères du U2 des années 95, toutes proportions gardées, les nappes synthétiques en plus.

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Alerte ! Le phénomène ou l’accident de la K Pop aurait également touché nos côtes... Faire venir un groupe de rock coréen sur la croisette est sûrement une première et marque un précédent dans le monde la musique. Drunken Tiger, avec leurs tenues à la croisée de la Nouvelle Star et San Ku Kai, leurs chorégraphies issues des séries B de Honk Kong et leurs mélodies pompées sur le jeu Pac Man, s’exportent, Samsung en poche et en sponsor, dans le monde entier et, notamment, dans toute l’Asie pour le plus grand bonheur de leurs producteurs.
Mais Drunken Tiger ne jouent pas à proprement parler dans la catégorie K Pop. Avec toute la sympathie que procure un pays en voie de développement musical comme l’est la Corée et leurs looks entre Jerry Lee Lewis, Beastie Boys et Bruce Lee, les Drunken Tiger mélangent un rap Coréen lorgnant sur le grand frère américain, les ballades sentimentales sirupeuses et la soupe chinoise !

Pas très compliqué, après cela, d’enchaîner et de déclencher quelques ouf de soulagement et déhanchements plus marqués quand C2C entrent en scène. Toujours portés par leurs hits, Down The Road ou Happy, très souvent programmés sur les ondes françaises et même anglaises, les quatre DJs champions du monde de DMC pendant quatre années consécutives (2003-2006) sont en configuration classique sur la petite scène de Magic Mirros : quatre cubes penchés vers le public et quatre platines sous LED.

Le public remue, la chaleur augmente, les BPM et la fatigue une dernière fois ce dimanche aussi...