Cette seconde journée commence un peu plus tôt avec deux concerts de programmés : Broken Back sur la scène Domino et Bigflo & Oli sur la scène Bagatelle à 18h. Pour notre part, on préfère se concentrer sur les deux scènes les plus proches : Domino et le Dôme qui proposent des programmations plutôt convaincantes. Pas de courses à l'autre bout du campus pour aujourd'hui, mais pas d'inquiétude, on se rattrape dès demain avec une programmation toute aussi chargée qu'hier et aujourd'hui.
Alors qu'hier, ce sont les deux plus grosses scènes qui étaient prisées, tout le monde semble s'être donné rendez-vous sous les structures démontables ce samedi.
Broken Back réunit les plus jeunes, visiblement impatients de voir l'artiste. Quand il monte sur scène, c'est avec un grand sourire qu'il nous accueille, heureux d'être là, devant nous. Et en même temps, il y a de quoi quand on sait qu'il a commencé à se mettre à la musique pendant qu'il était en convalescence à cause de son dos cassé (d'où son nom) et que trois ans après il est sur la scène de Solidays. Une belle revanche, qui donne envie d'aimer sa musique pleine de couleur. Si on se laisse embarquer dans son univers entre folk et électro avec son titre
Halcyon Bird, la lassitude se fait vite sentir. On a l'impression d'écouter le même morceau en boucle, avec la même ligne de guitare jouée sur des tonalités différentes, la même rythmique et des chœurs en fond qui servent d'habillage. Alors quand il propose une reprise de Birdy,
Skinny Love, ça fait du bien ! C'est dommage, car le duo qu'il forme avec son batteur, Sam, fonctionne bien et sa musique est efficace.

Sur la scène d'à côté, c'est le maître
Oxmo Puccino qui fait son apparition à 19h, réunissant presque autant de monde que sur les grandes scènes. Ensemble bleu, il apporte un bout d'horizon dans sa tenue. Il nous salue d'une révérence, main sur le cœur, témoignant de son respect envers son public. Rappeur peut-être, mais toujours dans la dignité et dans l'élégance. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'on dit de lui que c'est le poète des temps modernes. Il commence avec
Slow Life, nous rappelant qu'il faut prendre notre temps au milieu de l'agitation quotidienne. Rapidement, il fait participer son public qui s'y adonne de bon cœur. Il dit assumer sa position de rappeur de l'amour et enchaîne avec
Amour et Propriété. Il met le doigt sur des problèmes qui parlent à tous. Petit bémol au niveau du son : les basses sont si fortes qu'on a du mal à saisir ses paroles.

C'est un autre type de rappeur qui présente sur la scène Domino, pour ne pas dire à l'opposé, plus hip-hop que jazzy. Il s'agit de Mr. J Meideros, rappeur américain. Des collaborations, il en a pas mal à son actif et la dernière en date, c'est avec 20Syl, membre de C2C. Un duo mélangeant électro et rap et qui prend le nom de
AllttA. C'est leur tout premier concert et Solidays a la primeur de l'événement. On retrouve le côté léché de C2C, passant par un show graphique. Des lignes blanches sur fond noir commencent à se former alors que 20syl se met aux platines. La minutie de C2C se superpose à la verve vivace de Mr J. Meideros. Rapide, enchaînant des mots aux sonorités proches, l'ensemble donne un effet saccadé alors que l'électro se fait aérienne. Le mélange entre les deux fonctionne. Alors que le rappeur nous lance un regard énervé, le public forme un triangle avec ses deux index, en signe d'approbation. Une bonne surprise.

On enchaîne avec
Synapson, de la musique électronique sur laquelle on peut autant danser que fredonner. Quelques notes de synthés puis viennent des sonorités africaines qui semblent surprendre tout le monde, mais dès que les beats font leur apparition, tout le monde est rassuré : nous ne nous sommes pas trompés de concert. C'est principalement des titres de leur nouvel album
Convergeance qu'ils nous présentent. Synapson nous réservent quelques surprises et font monter sur la scène plusieurs guests, dont Anna Kova pour
All In You et Benjamin Diamond qui chante
They Just Don't Know. Il reprend même un de ses propres titres,
Music Sounds Better With You du groupe éphémère Stardust. Le duo s'entoure également du guitariste Sirius Trema pour une bonne partie du set. On regrette juste qu'ils n'aient pas invité Broken Back pour le titre
Fireball.

Solidays continue de battre son plein, mais pour notre part, nous nous accordons un court répit avant l'arrivée des fracassants
The Shoes. Répit de rigueur quand on sait ce qui nous attend... Placement stratégique pour être près de la scène et vivre ce concert là où l'ambiance bat son plein et c'est peu dire... Groupe de rock électronique complètement déjanté qui projette sur des écrans géants des images aux montages kitsch, à la fois drôles et violentes, entre des Duck faces sur
Us And I, la transformation à faire peur de Michael Jackson ou encore l'entassement de dollars. Rien qui ne fait rêver chez The Shoes, mais dénonce la société capitalisme dans laquelle nous vivons.
Un poulet géant s'invite sur scène apportant un peu de grandiose à faire peur durant le titre
1960's Horror. « C'est pas très sympa pour les vegans » me souffle une personne dans le public, mais en même temps n'est-ce pas justement le but de nous dégoûter de la malbouffe ? Les paroles martelées et conjuguées aux beats et à un micro à distorsion, nous abrutissent complètement, mais le pire: c'est qu'on aime ça ! Le public n'attend pas que le groupe scande « it's time to dance » pour se mettre à sauter. Lumières clignotantes et pogos en masse, nous sommes complètement désorientés. Contrairement à Synapson, aucun des featurings n'est présent mais cela ne les empêche pas d'assurer le show comme il se doit.
Encore une soirée qui finit en beauté grâce à un groupe qui a compris la génération Y et sait comment nous parler ! Nos pieds en revanche ne remercient pas The Shoes.