logo SOV

Aluna Festival

Ruoms, du 14 au 16 juin 2018

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 20 juin 2018

Bookmark and Share
jeudi 14
Voilà l'été !

De mémoire de météorologue, jamais démarrage de printemps n'a été aussi pluvieux et orageux. De quoi faire le bonheur des régions affectées depuis plusieurs années par une sécheresse chronique. Dans les environs de Vallon Pont d'Arc en Ardèche se dresse, depuis dix années, le festival Aluna. Lancé comme un défi (éloignement, routes difficiles, département rural et peu peuplé...) par Jean Boucher – également propriétaire d'un camping sur le même site (pratique pour accueillir les artistes et leur staff) – et Didier Viricel (producteur de musique) en 2008 sur des fondations qui n'encourageaient guère à l'optimisme, le Festival Aluna est devenu, au fil des ans, le principal rendez-vous des amoureux de musique et de live shows en Ardèche et un acteur important en région Rhône-Alpes, totalisant jusqu'à 70 000 participants pour l'édition 2016.

Après la déprogrammation de Bertrand Cantat en mars dernier et l'annulation, pour cause de fatigue, de Charles Aznavour, Aluna affichait en ce premier jour de festival un line-up recomposé et estival. Calyspo Rose, Sanseverino, Acid Arab, les Négresses Vertes ou The Chemical Brothers se partagent l'affiche du jour entre les trois scènes mises à disposition du public.

Avec Calyspo Rose programmée à 19h suivi des Négresses Vertes à 20h30, l'ambiance, appuyée par un soleil et des températures enfin dignes d'un mois de juin se tropicalise et prend même des allures de plages camarguaises au son des titres Back To Africa de Calypso Rose ou de Voilà l'Eté, titre culte des Négresses Vertes issu de l'album Mlah et qui, trente ans plus tard, fait encore chanter petits et grands.

Si ce n'est la charge heavy funk agrémentée de guitares et rythmiques empruntées au rock metal – désorientant et accablant les sens aiguisés des moins fans d'entre nous – des Shaka Ponk plus brouillons que jamais sous les coups de 22h, cette soirée aux parfums de thym et de lavande revêt des airs de vacances d'été pour les 15 000 festivaliers présents en ce premier jour.
Avec dix minutes d'avance sur l'horaire prévu (une première!), la tête d'affiche du jour, The Chemical Brothers, fait une entrée remarquée sur la scène Etoile, scène principale du festival Aluna. Les photographes accrédités pour le festival, également : prévenus sur place ou quelques heures avant du refus de la production d'autoriser quelques photos ou vidéos que ce soit, certains se voient renvoyés dans les cordes par le staff du festival...ils se réconforteront dans le village presse où, comme chaque année l'open bar et l'open barbecue les attendent à quelques mètres de la scène. Une largesse quasi unique dans le monde des festivals de musique en France ! Beaucoup moins équipés que lors de leur venue à Rock en Seine en 2015, Tom Rowlands et Ed Simons qui forment le combo big beat le plus connu d'Angleterre se lancent, une fois de plus, dans un son et lumière tapageur (le même qu'à Rock en Seine en 2015) dont ils ont le secret depuis 1992. Introduit sur le thème de Tomorrow Never Knows, le titre Go issu de leur dernier album en date, Born In The Echoes, donne le top départ au feu d'artifice numérique que représente chaque show de The Chemical Brothers.
Laser ligthning au dessus du public, animations 3D flamboyantes en fond de scène, méga basses répercutant leur infrasons jusqu'au village voisin... Comme depuis 1992, Tom et Ed, cachés dans l'ombre de lumières étincelantes, ne sont que les ouvriers, les façonniers, les O.S de la chaîne sonore et visuelle de la bande son de ce groupe dont les boucles, samples et mashups sont devenus très tôt la marque de fabrique.

Savamment mêlé au titre Star Guitar, le Temptation de New Order résonne brillamment sur la scène Etoile la bien nommée sur des dominantes de bleu flashy donnant au public remuant pour un moment seulement la sensation d'être Ewan McGregor ou Kelly McDonald sous ecstasy dans un remake de Trainspotting en Ardèche. En milieu de set, Let Forever Be, Hey Boy, Hey Girl ou encore, Block Rockin Beats qui ferme la marche rappellent pourquoi The Chemical Brothers ont été, avec Fatboy Slim ou The Prodigy, les stars de l'electronica anglaise. Mais, comme le disait Sébastien Roch Nicolas de Chamfort, « on ne peut être et avoir été ! ».

A force de se reposer sur leur lauriers, fussent-ils dorés à l'or fin, et d'asséner des shows d'une analogie barbante, The Chemical Brothers oublient de se renouveler et sonnent de plus en plus datés, voire vieillots. A moins que ce soit nous qui, avec l'âge, devenions de plus en plus exigeants...
artistes
    La Cafetera Roja
    Sanseverino
    Calypso Rose
    Ndobo Emma
    Les Négresses Vertes
    Fabulous Sheep
    Shaka Ponk
    Shadi Khries
    The Chemical Brothers