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Eurockéennes

Belfort, du 5 au 8 juillet 2018

Live-report rédigé par Rémy Poidevin le 13 juillet 2018

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Les Eurockéennes de Belfort soufflent leurs trente bougies. Trente ans de rock, de pop, de hip-hop, d'électro, de métal de soul... Trente ans de partage, de découverte, de déception et de moments d'anthologie... De quoi faire la fête encore plus que les autres années.

En ce premier jour, veille de demi-finale de la Coupe du Monde de football, les festivaliers répondent présents dès l'ouverture du site, de bon augure pour la suite. Le festival débute un jeudi, la semaine de travail n'est pas encore terminé mais la date est pourtant sold out depuis plusieurs semaines et la programmation du jour n'y est sûrement pas pour rien. La venue de Texas, Big Flo & Oli, Orelsan et Macklemore entre autres, aura largement contribué à attirer un public éclectique et avide de découverte entre deux têtes d'affiche.

18h45, arrivée sous le soleil alors que la météo nous promet depuis plusieurs jours l'enfer de l'orage c'est Tank And The Bangas et son groove implacable en provenance de la Nouvelle-Orléans qui ouvre le bal sur la scène de la Loggia.


Emmené par la sublime Tarriona « Tank » Bell le groupe qui mélange jazz, hip-hop, soul et R'n'B avec justesse et goût, nous irradie de bonnes vibes. La charismatique Tank tient la dragée haute aux divas de la soul. Chantant, dansant et communicant avec une assistance réceptive -en attentant Beth Ditto demain - clairement la diva de la soirée c'est elle. Une entrée en matière réjouissante et ponctuée par la patrouille de France qui fend le ciel du territoire de Belfort pour le plus grand plaisir de tous.

Quittant le ciel les yeux émerveillés, on se dirige vers le Truck Radar, un bon gros camion transformé en une petite scène annexe de la Plage pour y découvrir le groupe SuperParka. Paco et Simon, ex-membres de la formation We Are Match nous délivrent les premiers titres de leur nouveau projet hip-hop aux accents abstract rappelant les Flying Lotus, une influence assumée par le duo. Après quelques ajustements lors des premiers morceaux notamment au niveau vocal, le groupe nous régale avec les titres Brothers et Girl entre autres.

Nous restons sur la Plage car, dans la foulée, c'est le concert de Sampha qui nous tend les bras. Le prodige britannique s'est lancé dans une carrière solo en 2017, après plusieurs collaborations avec des artistes de renom tel que Kanye West, Frank Ocean ou Solange pour ne citer qu'eux. Il nous dévoile pêle-mêle les morceaux de son album Process. Une électro soul rythmée et emplie d'émotion avec les titres Under, Reverse fault ou l'intimiste Too Much.


Texas oblige, nous délaissons la plage au milieu du set pour nous rendre pour la première fois de cette édition sur la Grande Scène afin d'assister à la performance des écossais. C'est à cet instant que la pluie fait également son entrée. Sharleen Spiteri nous envoie un message de soutien : « Nous sommes écossais, la pluie on sait ce que c'est, courage ». Du courage, il en faudra plus tard dans la soirée car la pluie ne nous accordera plus de répit. En attendant nous profitons de la performance du groupe qui fête également ses trente ans de carrière. Malgré le temps, le son est relativement bon et la voix de Sharleen semble avoir été figée dans le temps. Les tubes s'enchaînent avec Once In A Lifetime, Tell That Girl, Black Eyed Boy, In Demand ou I Don't Want A Lover. De manière implacable la formation tourne comme une horloge Suisse. C'est plaisant, on en oublie le temps et le dynamisme de Sharleen nous incite à rester.

21h30, nous retrouvons la Loggia pour recharger nos batteries au son des inarrêtables Dream Wife. Une révélation de ce début d'année venue d'outre-Manche, le trio accompagné par un batteur nous assène un punk-rock des plus efficaces. Emmené par la virevoltante Rakel Mjöll et son chant atypique, la formation provoque les premiers sautillements de ce festival. Dès leur entrée sur scène avec Hey Heartbreaker, elles confirment tout le bien que nous pensons d'elles. Let's Make Out et Somebody prendront soin d'enfoncer le clou, transformant les sautillements en pogo. Nous les attendions, les trois comparses ont répondu présentes. Nous les quittons les batteries pleines et prêts à en découdre avec la boue...


Avant de retrouver Cigarettes After Sex nous faisons un détour par la Grande Scène pour assister au début du concert d'Orelsan. Le caennais truste le podium du rap en se début d'année alignant les récompenses et la reconnaissance du public ainsi que des professionnels. Souvent sujet de discorde et de polémique, Aurélien de son vrai prénom semble avoir fini de manger son pain noir... Pourtant ses textes sont toujours aussi incisifs et la poésie qui s'en dégage était déjà présente sur les précédents opus. La grande scène est pleine à craquer et le show est à la hauteur. C'est l'implacable San qui ouvre les festivités suivi du tubesque Basique et du très à propos La Pluie. Nous abandonnons la foule sur les premières notes de Défaite de Famille pour rejoindre la Plage.

Nous y retrouvons les quatre membres de Cigarettes After Sex pour nous laisser envelopper dans leur dream pop élégante le temps d'un quart d'heure américain qui perdure. On apprécie la sensualité et la beauté des morceaux joués, Apocalypse entre autre mais la froideur et le manque d'échange du groupe, et notamment de son leader, nous laissent sur notre faim.


Humide et boueux, nous rendons les armes et renonçons à assister à la performance de Portugal The Man. La course de fond ne fait que commencer, il faut garder des forces pour les trois prochains jours qui s'annoncent tout aussi tumultueux et que l'on espère plein de surprises. Cette première journée des trente ans aura tenu ses promesses avec la pluie comme tête d'affiche un beau symbole à défaut d'être un cadeau.


Photos : Benoit Gilbert, Julien Lagalice et Éric
artistes
    MACKLEMORE
    ORELSAN
    TEXAS
    BIGFLO & OLI
    PORTUGAL. THE MAN
    CARNAGE
    CIGARETTES AFTER SEX
    DREAM WIFE
    FATIMA YAMAHA
    GOLDLINK
    RICH BRIAN
    SAMPHA
    TANK AND THE BANGAS