La 3ème journée des Eurockéeennes de Belfort ouvre ses portes sous une chaleur ardente. A l'instar des jours précédents, la programmation s'annonce éclectique et riche en surprises. Quelques centaines de festivaliers foulent déjà le sol de la presqu'ile du Malsaucy lorsqu'on arrive dans ce lieu bucolique.
Sur la scène de la Loggia, à proximité de l'entrée du festival,
Truckks ouvrent le bal. Les minots originaires de Vesoul, dont la moyenne d'âge n'excède pas les 17 ans, distillent un punk rock énergique. La formation qui joue pour la première fois dans un tel festival ne se laisse pas démonter et nous offre un set salvateur qui nous met en condition pour la suite.

Après une brève accalmie, on enchaîne avec
Touts, un trio venu tout droit de Derry, une ville au nord de l'Irlande. Les membres de Touts se décrivent comme "un chanteur qui ne sait pas chanter, un mod qui ne peut pas jouer de la basse et un batteur qui ne peut pas voir". Cette description est erronée, les musiciens sont doués et dotés d'une source inépuisable d'énergie. Leurs sonorités sont puissantes, les refrains mélodieux et inspirés, le groupe nous offre un set punk rock ravageur, une très belle découverte.

Tandis que
Juliette Armanet et son un univers mélancolique enchante les festivaliers massés sous la Greenroom, nous filons voir la canadienne
Caroline Rose et ses acolytes. Sa pop rock déjantée nous transporte. Il faut dire que Caroline Rose est une personnalité à part entière, n'hésitant pas à plaisanter avec le public assez réceptif, reprenant la BO de Titanic à la flute ou encore
Toxic de Britney Spears en fin de set. Les lignes de chant sont entêtantes, la guitariste/pianiste se déhanche sur des chorégraphies plus ou moins chancelantes. L'ensemble des musiciens a le sourire et prend beaucoup de plaisir à jouer, plaisir communicatif et partagé. Ce concert est le second en France de la formation, et bien meilleur que celui de la veille à Paris, avoue la chanteuse.

Il est presque 21 heures et la fraîcheur a du mal à s'imposer tandis que la foule se densifie. Il est désormais difficile d'avancer, de se frayer un chemin pour se rendre d'une scène à l'autre tant la foule devient compacte. Par curiosité, on se rend jusqu'à la grande scène où résonne au loin les infra basses du rappeur belge
Damso. On se force tant bien que mal à écouter un morceau mais l'envie de s'échapper est trop grande, on ne décèle rien d'intéressant sauf un spectacle assez désolant.
A la place, direction la plage pour voir, ou plutôt vivre, le concert de
SuperOrganism. Ce groupe est une véritable révélation, à la fois psyché, flashy, les choristes dansent devant des animations sorties de nulle part. La prestation est résolument décalée. Mention spéciale lors de
Everybody Wants To Be Famous, leur titre phare qui traite de l'obsession de la célébrité, devenue si centrale dans notre société. Merci à eux pour ce voyage désorientant à travers le meilleur de la culture pop.

C'est maintenant le tour de
Wednesday Campanella, un groupe de musique électronique japonais. Le charme de la chanteuse opère instantanément. L'ambiance musique asiatique contrebalançant avec une instru électro donne un mélange inattendu mais intéressant. Il faut dire que la chanteuse, Suiyoubi, donne de sa personne. A la fin du concert, une sorte de ballon géant se gonfle sur scène et quelques instants après, on retrouve la chanteuse au beau milieu du public, se baladant à pieds nus.
Autre scène, autre ambiance.
At The Drive-In balancent sans sourciller un set puissant mais parfois difficilement perceptible. Un peu avant la fin du concert, la majeure partie du public quitte le chapiteau pour rejoindre la grande scène avant l'arrivée de la tête d'affiche de la soirée :
Queens Of The Stone Age.
23h15 : les premières notes de
A Song For The Deaf retentissent. La bande à Josh Homme balance un set incisif, à travers des riffs de guitares percutants, un batteur implacable, la performance est bien à la hauteur des attentes, pourtant élevées. Le son en façade est bon et les titres s'enchaînent à une vitesse incroyable mais avec une efficacité renversante. A la fin du tubesque
No One Knows, le batteur délivre un solo ravageur.
Josh Homme est en forme, avec ses cheveux gominés en arrière et sa voix puissante, la rock star n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour impressionner. Pour le plus grand plaisir des fans, le groupe joue ce soir le meilleur de sa riche discographie, pour une heure trente de décharge rock.
Jungle clôturent cette belle journée avec brio, devant une foule réceptive. Oscillant entre les titres phares de leur premier album et nouveaux morceaux, la recette de Jungle fonctionne. On a l'envie soudaine de se déhancher frénétiquement lorsqu'on écoute ce groupe. Ambiance festive, groove et sonorités disco sont au programme de ce dernier concert du samedi. Une bien belle façon de terminer la soirée.