logo SOV

Rock en Seine

Paris, du 23 au 25 août 2019

Live-report rédigé par Fab le 25 août 2019

Bookmark and Share
Il aura fallu attendre 2019 pour que le fantasme de bon nombre d'habitués du festival Rock en Seine ne devienne enfin une réalité : espérés depuis toujours, The Cure constituent la grande attraction de ce vendredi 23 août, pour ne pas dire de cette édition de l'événement musical parisien dans sa globalité. Souvent critiqués pour le manque de tête d'affiches depuis quelques années, les programmateurs ont ainsi frappé un grand coup pour ce nouveau cru porté par quelques belles exclusivités, en dépit d'un second round tourné vers les musiques urbaines au grand dam des habitués des lieux. Retour sur une première journée où tout le monde, ou presque, n'a eu d'yeux que pour Robert Smith et sa bande.

Comme toujours, c'est face à un public encore très clairsemé et peu concerné que les premières prestations du jour se déroulent, beaucoup découvrant notamment un site remodelé avec trois scènes ayant connus diverses fortunes : suppression pure et simple pour celle du Bosquet, pourtant très appréciée, et déplacement pour la Firestone en lieu et place de celle de l'Industrie. Seule nouvelle venue, la Scène des 4 Vents, plus excentrée et installée près de l'entrée du site. C'est sur cette dernière que les premiers arrivants posent une oreille curieuse sur la musique de Love Supreme, dont la soul délicate au piano et à la guitare constitue une agréable mise en jambes.


Sur la scène de la Cascade, identique à celle des années précédentes, Alice Merton tente quarante-cinq minutes durant de réveiller une foule qui semble encore et toujours plus intéressée par le bain de soleil proposé aujourd'hui que par les compositions de la popstar. Accompagnée de plusieurs musiciens originaires des quatre coins de la planète, la musicienne ne ménage pas ses efforts, arpentant sans cesse la scène et multipliant les échanges tantôt en anglais, tantôt dans un français plus que correct. Hélas, sa musique maintes fois entendue et des ficelles un peu grossières font que la sauce ne prend guère, même si l'orientation plus rock de ses interprétations est à saluer. Une prestation achevée avec son tube No Roots, immédiatement reconnu par de nombreuses personnes, et temps fort d'un set malheureusement plutôt insipide.


L'affluence croissante commence à se faire de plus en plus impressionnante sur le site alors que Balthazar prennent possession de la Grande Scène à 17h05. Avec un line-up légèrement remodelé depuis leur dernière venue en date, et surtout un dernier album, Fever, ayant conquis les critiques et le public, la formation belge passe un véritable test aujourd'hui. Lancé avec une superbe et longue version de Blood Like Wine mettant notamment à l'honneur des harmonies vocales maîtrisées à la perfection, le concert proposé aujourd'hui ne va cesser de surprend et de confirmer le positionnement de Balthazar comme les plus dignes héritiers de dEUS au sein de la scène belge actuelle. Lui aussi porté par le jeu entre les voix des différents membres du groupe, Wrong Vibration se veut jouissif, tout comme le sera en fin de set le très groovy Fever et son entêtante ligne de basse. Entre temps, eux aussi extraits du dernier disque du groupe, Wrong Faces et Changes auront permis de parachever une belle démonstration, humble et sincère, d'un groupe qui n'a décidément pas fini de grandir et surprendre.


Invités de dernière minute suite au forfait de King Princess, MNNQNS se produisent aujourd'hui pour la troisième année consécutive dans le festival. Rien de nouveau sur le soleil, les quatre français continuent de distiller un post-punk se voulant efficace mais manquant de nuance et d'originalité. Tout le contraire de Let's Eat Grandma sur la scène Firestone, habillée à l'image d'un garage automobile, venues présenter leur second album, I'm All Ears. Désormais accompagnée d'une jeune musicienne à la batterie apportant plus de profondeur à leurs interprétations, les deux chipies Rosa Walton et Jenny Hollingworth s'amusent toujours sur scène comme au premier jour, multipliant les chorégraphies enfantines et se partageant le chant selon les titres. Presque exclusivement tirés de leur dernier en date, ceux joués en ce samedi vont dans un premier temps les voir miser sur l'aspect pop synthétique de leur répertoire (Hot Pink, l'entêtetant It's Not Just Me), les deux demoiselles ne quittant pas leurs claviers, avant de glisser progressivement vers plus d'expérimentations et de légèreté, notamment sur le très étiré Cool & Collected. S'il leur arrive encore parfois de s'éparpiller dans des improvisations un peu brouillonnes inspirées du psychédélisme, la fraîcheur émanant de leurs prestation est toujours un plaisir à voir.


Après la jeunesse, place au vétéran Johnny Marr sur la Scène des 4 Vents. Accompagné par trois musiciens, l'anglais se révèle dès les premières minutes toujours aussi classieux et charismatique, son jeu de guitare inimitable étant immédiatement reconnaissable tant à l'oeil qu'à l'oreille. Si beaucoup ont choisi d'aller d'ores et déjà prendre place quelques centaines de mètres plus loin pour attendre The Cure, Johnny Marr est parvenu à attirer sur l'une des plus petites scènes du festival un public venu nombreux. Avec un répertoire solo dont émergent quelques belles réussites (le très accrocheur Easy Money, The Tracers ou encore Hi Hello), c'est pourtant de son répertoire passé que va venir son salut tout au long des quelques cinquante minutes passées sur scène.
Multipliant les reprises tout au long du set, notamment deux de sa collaboration avec Bernard Sumner au sein d'Electronics mais aussi du I Feel You de Depeche Mode, c'est lorsqu'il va choisir de revisiter une poignée de classiques des Smiths qu'il va rencontrer aujourd'hui le plus de succès. Bigmouth Strikes Again, How Soon Is Now?, This Charming Man et enfin There Is A Light That Never Goes Out seront tous joués avec la même envie et un rendu vocal très convaincant, provoquant systématiquement la jubilation du public tout au long de ces interprétations de qualité. Une belle ultime mise en bouche en attendant l'arrivée des héros du jour.


Il est désormais 21h, une foule massive et compacte comme jamais est venue copieusement garnir l'espace faisant face à la Grande Scène. Face à un public bien plus âgé que la moyenne habituelle, The Cure vont triompher ce soir sans sourciller ni avoir à forcer leur talent, ne cachant toutefois pas un certain plaisir à se produire dans un lieu qui les aura attendus de si longues années. Durant près de 2h20, Robert Smith délivrent un set puisant dans tous les recoins de leur discographie, exception faite d'un Pornography dont on aurait espéré entendre résonner One Hundred Years. Avec pas moins de vingt-sept titres joués et issus d'une dizaine de leurs albums, ces icônes des 80s dont le charisme de chacun des membres n'est plus à vanter délivrent un set millimétré, rôdé à la perfection, mais dont le contenu principal calibré essentiellement pour les fans pourra avoir lassé certains à cause de quelques longueurs au fil de la soirée. Les plus durs à convaincre devront malgré tout s'incliner au final devant le talent des anglais lors d'un rappel concentrant bon nombre de classiques intemporels, de Lullaby à Boys Don't Cry en passant par Close To Me ou encore Friday I'm In Love.

Une prestation hors-normes qui restera à n'en pas douter dans l'histoire du festival.
artistes
    THE CURE
    ALICE MERTON
    BAGARRE
    BALTHAZAR
    BICHE
    EELS
    JEANNE ADDED
    JOHNNY MARR
    KOMPROMAT
    LEE-ANN CURREN
    LET'S EAT GRANDMA
    LOVE SUPREME
    METEO MIRAGE
    MNNQNS
    SILLY BOY BLUE
    SÜEÜR
    WE HATE YOU PLEASE DIE
    NOUK'S
    REVERSE
photos du festival