Jour 2, Only Happy When It Rains !
Le temps a changé pour cette deuxième journée de La Route du Rock. Exit le soleil éclatant de la veille, c'est sous une pluie battante que le festival a repris ses droits. Pas de quoi décourager les fidèles, même si le début de soirée a été marqué par des embouteillages monstres pour accéder au Fort. On commence à comprendre que la Route du Rock, ce n'est pas juste une affaire de musique, c'est aussi une épreuve de patience et de persévérance. La programmation de ce vendredi s'annonçait riche, avec une belle alternance entre nouvelles pépites et grands noms. Alors, malgré ces conditions, comment s'est passée cette soirée diluvienne ?
Acte 1. Deeper, Faster, Stronger
Le ton est donné dès l'arrivée : embouteillages à n'en plus finir et arrivée tardive pour Deeper. Dommage, car ces Américains ont le vent en poupe avec leur post-punk aussi précis qu'énergique. On arrive pour la fin du set, assez pour se rendre compte qu'on a raté quelque chose de bien. Le public, déjà trempé, semble revigoré par cette première claque. Deeper ont assuré, et même si on a loupé le début, la fin nous laisse une impression positive. Un groupe à suivre de très près.
Acte 2. bar italia – Tournée générale per tutti
La pluie, la grêle, la fin des temps ou même un flirt avec toi, pour rien au monde nous n'aurions loupé le set de bar italia, nos chouchous lancés par les gourous de la musique anglaise actuels, Dean Blunt et Vegyn, et qui ont signé avec
Tracey Denim un des tous meilleurs albums de 2023. Et il aurait fallu bien plus que la pluie, la grêle, la fin du monde ou même un flirt avec toi pour qu'ils ne nous déçoivent. De plus en plus à l'aise sur scène, les londoniens subliment leurs morceaux en live, transformant leur pop mélancolique en hymnes taillés pour les festivals. Chaque titre est réarrangé avec une finesse qui montre à quel point le groupe maîtrise son art. La pluie peut bien tomber, le public reste hypnotisé par cette prestation qui confirme bar italia comme une des plus belles découvertes de ces dernières années.
Acte 3. Blonde Redhead - Pépés Brunes
La soirée se poursuit avec Blonde Redhead, ces légendes de la scène alternative qui, loin des projecteurs, continuent de livrer des concerts d'une rare intensité. Leur set est une leçon de subtilité, tout en nuances, où chaque note semble être choisie avec une attention particulière. Ce groupe culte n'a rien perdu de sa capacité à émouvoir, et sous la pluie, leur musique prend une dimension presque surnaturelle. Un très beau moment, tout en retenue, qui rappelle que les plus grands ne sont pas toujours les plus bruyants.
Acte 4. Etienne Daho – Phare Breton
Le clou de la soirée pour beaucoup, c'était Étienne Daho. Le dandy de la pop française attire une foule immense, preuve de son statut de légende vivante qui plus est à domicile. Son show est impeccable, parfaitement rodé, à l'image de l'artiste lui-même. Daho enchaîne les tubes avec une maîtrise qui force le respect, mais c'est peut-être là aussi que le bât blesse : tout est si parfaitement calibré qu'il manque cette touche d'imprévu, ce petit grain de folie qui aurait pu rendre le concert inoubliable. Pour ses fans, c'était un moment de pure magie, mais pour ceux qui attendaient un peu plus de surprise, le spectacle, bien que très pro, a pu paraître un peu lisse. Reste qu'on a pris du plaisir à trinquer avec ce vieil ami de quarante ans. A la tienne, Daho !
Acte 5. Deby Friday I'm in love
Après la pop sophistiquée de Daho, la scène est investie par Debby Friday. Cette artiste émergente a su captiver avec son mélange unique de hip-hop, de punk, et d'électro. Son univers est sombre, puissant, et très personnel, offrant un contraste saisissant avec les sonorités plus douces de Daho. C'est une véritable découverte pour beaucoup, et bien qu'encore en pleine construction de son identité scénique, Debby Friday a montré qu'elle avait le potentiel pour devenir une figure incontournable des prochaines années. Son concert, intense et sans concessions, a fait forte impression.
Acte 6. METZ 4 - Barcelone 1
Juste après Debby Friday, quand nos oreilles commencent à se remettre de ses basses grondantes, les Américains de METZ prennent le relais pour nous rappeler ce que le mot "bruit" veut dire. Leur set est une véritable déflagration sonore, un mur de son brut et sans concession qui fait littéralement trembler les murs du festival. Le volume est tellement poussé qu'on frôle l'acouphène collectif. Mais c'est exactement ce que le public cherche, à croire que le groupe à choisi son nom pour rendre hommage à un des joueurs emblématiques des années quatre-vingt du FC Metz, Luc Sonor. On a vu des sourires de plaisir masochiste sur les visages, preuve que parfois, un bon concert, ça doit aussi un peu faire mal.
Acte 7. Fat Dog is fucking in heaven
Pour clore cette deuxième journée, Fat Dog prenennt d'assaut la scène. Véritable sensation du moment, le groupe transforme le Fort en un lieu de fête débridée. Leur musique, un mélange explosif entre l'énergie brute d'IDLES et la folie joyeuse du Grand Orchestre du Splendid, retourne tout simplement le public. Leurs performances scéniques sont aussi imprévisibles que leurs compositions, et le concert de ce soir ne fait pas exception. C'est une fête totale, un moment de pure folie collective où tout le monde se laisse emporter par la frénésie du moment. Fat Dog ont su se hisser au sommet, terminant ce vendredi sur une note euphorique.
Cette deuxième soirée sous la pluie a prouvé une fois de plus que la météo ne fera jamais sa loi à la Route du Rock. Malgré les intempéries, le festival a continué de faire ce qu'il fait de mieux : offrir une programmation variée ou l'on applaudit avec la même ferveur un papy de la pop et des salles gosses éructant leur rock foutraque. On a pu voir quelques glissades de-ci de-là mais nous sommes comme Jane Birkin et les petits cochons : la gadoue on adore ça.
Crédit photographies : Titouan Massé & Nicolas Joubard