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Morrissey

Paris, Zénith - 15 juin 2025

Live-report par Emmanuel Stranadica

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En attendant la sortie toujours hypothétique d'un voire plusieurs nouveaux albums, Morrissey poursuit inlassablement sa tournée mondiale. Deux ans après ses dernières dates en France, le voici de retour au Zénith de Paris, salle qu'il connaît bien. Malgré de récents doutes liés à l'annulation de sa prestation dans un festival madrilène, le Mancunien a bel et bien honoré son rendez-vous parisien, devant une salle copieusement garnie.

Avant de retrouver sa voix si singulière, c'est au tour des Américains de Brigitte Calls Me Baby d'ouvrir la soirée. Avec un son plus proche de la première période de The Killers que des Smiths (leur We Were Never Alive n'a rien d'un Barbarism Begins At Home), les Chicagoans assurent un set honnête. Wes Leavins, leur chanteur à la voix eighties et au charisme statique, séduit une partie du public avec des morceaux romantiques aux accents rock, malgré son côté statique. Dix titres pour trente-cinq minutes, avant qu'une bande-son rétro ne prenne le relais, puis les inévitables scopitones – Sham 69, The Runaways, Alain Delon, Marianne Faithfull, et David Bowie chantant My Death – qui préparent l'arrivée imminente du Moz. James Baldwin en fond d'écran : le signal est donné.


Et Morrissey entre en scène. Fleurs à la main, t-shirt blanc barré de « I Am Your Worst Fear. I Am Your Best Fantasy », veste grise sur le dos. « Nous sommes très contents », lâche-t-il, avant d'ouvrir avec You're The One For Me, Fatty. Curieuse entrée, écho presque nostalgique au concert du 22 décembre 1992 où ce titre avait succédé à We Hate It When Our Friends Become Successful. Hasard ou clin d'œil, le doute subsiste. Le son est fort, brut, et How Soon Is Now? fait frissonner la salle tandis que les images de Bruce Lee défilent en arrière-plan. I Wish You Lonely, saturé à souhait, marque un moment fort : Morrissey mime une injection en tapotant une veine au moment du refrain « heroin, heroin... ». Toujours blagueur, il interpelle le public d'un « Are you from Versailles? No? And that's good ! » avant un All You Need Is Me énergique. Il alterne classiques, inédits joués sur scène ou publiés temporairement en digital, à l'image de Rebels Without Applause.

Le set gagne en puissance. La basse métallique de One Day Goodbye Will Be Farewell frappe fort, et le retour de Best Friend On The Payroll fait son petit effet. Après avoir évoqué une séance de dédicaces à la FNAC Montparnasse en 1995 – en affirmant qu'aucun spectateur présent ce soir-là n'y était – il enchaîne sur Shoplifters Of The World Unite, alors qu'on attendait Scandinavia, annoncé comme un hit en Islande... I'm Throwing My Arms Around Paris ravit évidemment les fans, porté par un backdrop de Brigitte Bardot. En revanche, Sure Enough, The Telephone Rings peine à captiver, à l'inverse de I Know It's Over, véritable apnée émotionnelle. Everyday Is Like Sunday et ses « cuando, cuando » envoûtent l'audience.


La présentation des musiciens révèle un line-up 100 % non-britannique – exit Alain Whyte, exit Boz Boorer. Morrissey interprète ensuite I Ex-Love You, titre qui, selon lui, ne sortira qu'après sa mort. Rires dans la salle. Après un très intense The Loop, le sommet du set arrive : Life Is A Pigsty. Grandiose, déchirant, sublimé par le jeu de guitare tout en spleen de Carmen Vandenberg. Le rouge envahit la scène pour Jack The Ripper, tandis que le mot « Hate » tatoué sur une main s'affiche en fond. Enfin, I Will See You In Far-Off Places conclut la première partie du concert, avec sa variante « And if the EU doesn't bomb you... ». Le groupe quitte la scène sans mot dire, après 1h20 de concert.

Mais le rappel est là. Chaque musicien y exprime sa joie d'avoir joué à Paris, avant que ne résonne le troisième sommet émotionnel du concert : Last Night I Dreamt That Somebody Loves Me. Morrissey, dans un geste symbolique, déchire le t-shirt enfilé pour le rappel et le jette dans la foule. On espère un ultime titre. Il n'en sera rien. Cette fois, c'est vraiment terminé. Morrissey a rempli son contrat. Une heure trente d'un concert souvent musclé, parfois émouvant, toujours sincère. On regrettera l'absence de Speedway ou d'un inédit comme Notre Dame, qui aurait eu toute sa place ici. Mais on ne boudera pas notre plaisir : le voir sur scène reste un privilège. À dans deux ans ?
setlist
    YOU'RE THE ONE FOR ME, FATTY
    HOW SOON IS NOW? (THE SMITHS COVER)
    I WISH YOU LONELY
    ALL YOU NEED IS ME
    REBELS WITHOUT APPLAUSE
    ONE DAY GOODBYE WILL BE FAREWELL
    BEST FRIEND ON THE PAYROLL
    THE BULLFIGHTER DIES
    SHOPLIFTERS OF THE WORLD (THE SMITHS COVER)
    I'M THROWING MY ARMS AROUND PARIS
    SURE ENOUGH THE TELEPHONE RINGS
    I KNOW IT'S OVER (THE SMITHS COVER)
    EVERYDAY IS LIKE SUNDAY
    I EX-LOVE YOU
    THE LOOP
    LIFE IS A PIGSTY
    JACK THE RIPPER
    I WILL SEE YOU IN FAR-OFF PLACES
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    LAST NIGHT I DREAMT THAT SOMEBODY LOVED ME (THE SMITHS COVER)
photos du concert
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