Le Hasard Ludique est un lieu de rencontres. Non pas uniquement de celles que l'on fait à des fins plutôt basiques mais surtout de celles qui vous font croiser des talents musicaux que vous ne soupçonniez pas. Nous évoquons ici notre découverte sur scène de the GOLDEN DREGS, projet mené par le seul Benjamin Woods, originaire des Cornouailles et établi à Londres, qui depuis 2018 propose un rock ambiant aux soupçons de soul très profond constitué d’un étonnant timbre de voix grave et caverneux, et empreint d'une mélancolie latente qui enveloppe tous les albums.
Suite à la parution de
On Grace & Dignity en février dernier, Benjamin Woods est reparti sur les routes accompagné de cinq musiciens venant vêtir ce chant particulier d'une atmosphère dense, avec des guitares qui résonnent lourdement et des volutes synthétiques qui donnent énormément d'échos aux titres interprétés.

Prenant place dans la petite salle du Hasard Ludique, alors que les bruits des convives venus prendre leur premier apéro du week-end au bar résonnent bien trop aux oreilles des quelques dizaines de spectateurs timidement rassemblés, le groupe se dévoile tout de blanc vêtu et entame immédiatement le set avec
Beyond Reasonable Doubt, issu du dernier opus qui, avec sa cadence un peu martiale, étonne un peu comme choix d’ouverture.
La musique de The GOLDEN DREGS est froide et mystérieuse. Avec des arrangements toujours très méticuleux sur disque, on se demandait comment Benjamin Woods allait réussir à transposer son univers fait de balades toutes aussi sombres qu'élégantes. Il s'avère que cette transcription se révèle plutôt fidèle, et l'on regrette même un peu vu le nombre de guitares (pas moins de trois) et la présence d'un batteur très doué que le concert n'ait pas pris un peu plus de consistance. Cependant, Benjamin Woods, que l'on devine naturellement réservé, fera à plusieurs reprise l'effort de se rapprocher du public souvent seulement armé de son microphone et croisera à de nombreuses reprises le regard des premiers rangs, expérience assez troublante du fait de sa capacité à vous fixer brièvement mais intensément de son regard perçant.

Les morceaux défilent et il est alors un peu compliqué pour celles et ceux qui sont encore étrangers au répertoire de the GOLDEN DREGS de se raccrocher à des titres en particulier, mais tous acquiescent à l'écoute du chant captivant de Benjamin Woods, qui malgré un physique des plus discrets déploie une puissance vocale parfaitement maitrisée.
Le groupe s'éclipse alors aussi vite qu'il est apparu, et lorsque le brouhaha du bar se repend à nouveau, une impression d'avoir traversé une petite parenthèse hors du temps se fait ressentir.
Un concert de the GOLDEN DREGS est une expérience live atypique, où l'on s'immerge dans un univers un peu opaque mais cependant percé par de belles pointes de grâce.