YAK

Quelques mois seulement après avoir décoché le rugueux et enthousiasmant Pursuit Of Momentary Happiness, YAK sont de retour avec l'EP Atlas Complex en forme de chant du cygne. Car le groupe l'avait annoncé avant même la parution de ces quatre titres : il fermerait boutique juste après sa sortie.

Cette décision laisse un goût amer tant YAK s'était révélé être un camarade passionnant, génialement bizarre et à l'énergie et à la folie communicatives. Enregistrées entre des studios londoniens et celui de Jack White à Nashville, les chansons d'Atlas Complex enfoncent le clou et confirment tout le bien que l'on pense (pensait) de ces londoniens iconoclastes.
Am I A Good Man se révèle la pièce de résistance de cette livraison. Une redoutable ballade soul mutante joliment habillée de cuivres et de synthétiseurs scintillants, évoquant les envolées des Raconteurs. Plus psyché, Atlas Complex débute comme une ritournelle avant de se transformer en machine à groove, un peu comme si Syd Barrett avait jammé avec les Stone Roses. Puis, sur l'excentrique There's A Turtle In My Soup, une douce mélodie se fracasse contre des batteries pachydermiques et des guitares abrasives. La menaçante They Come, They Go clôt l'affaire sur une note acide, comme l'est le goût du split du groupe, dans des effluves lennoniennes.

YAK ont donc l'élégance de quitter la scène sur une nouvelle réussite discographique et un déluge de guitares énervées. Mais le groupe laisse ce faisant ceux qui les suivaient orphelins d'une certaine liberté créative et d'un goût pour le rock'n'roll énervé qui se font bien trop rares en cette époque obnubilée par les hi-hats en triolet agaçants de la Trap.