The Rifles

Perçant il y a deux ans avec un premier single tonitruant Piece And Quiet, The Rifles a fait depuis son petit bonhomme de chemin, émaillant sereinement son parcours discographique de perles, à l’instar de When I’m Alone ou encore Repeated Offender. Restait à vérifier si l’album était à la hauteur des promesses des premiers faits d’armes et des attentes des désormais nombreux fans.

Dès l’introduction de No Love Lost, le dernier single en date, She’s Got Standards donne le ton avec ses riffs tueurs et syncopés. Ainsi, The Rifles nous gratifient tour à tour de morceaux très efficaces, implacables, sublimés par la superbe et profonde voix du chanteur, à l’image de Hometown Blues, et de titres plus calmes comme Robin Hood. Il subsiste toutefois une constante dans leur musique, à savoir la hargne, la pugnacité, cette agressivité qui trouve ses racines dans le punk rock des années soixante-dix, et qui transparaît de manière flagrante dans She’s The Only One, par exemple.

Si les mélodies subtiles et variées sont assénées avec une régularité métronomique et si, dans chaque morceau, s’exprime le talent à fleur de peau des Rifles, teinté d’une myriade d’influences musicales, où passé (The Clash, pour la base classique et la rythmique très primaire) et présent (Kubichek !, pour la fantaisie et les guitares obsessionnelles) se côtoient d’une manière très heureuse, on assiste même, ici et là, comme dans le titre caché qui succède au dernier morceau de l’album, à quelques expériences musicales. En effet, un univers gothique, voire darkwave, avec un petit côté The Cure, nous est même proposé, ce qui en dit long sur l’éventail musical des Rifles, qui s’impose déjà comme un groupe complet à l’énorme potentiel.

Force est de constater que le premier album des Rifles, outre qu’il tient toutes les promesses faites par les cinq singles qui l’ont précédé, surprend même, de par le traitement et la production de certaines chansons (on oscille entre un son gras et primitif et une ambiance sophistiquée et raffinée). Il en résulte un album vrai et frais, spontané, de la part d’un groupe qui ne se pose pas de questions et qui vit sa musique sans état d’âme ni objectif commercial.