The Rifles

On choisit rarement le nom d’un groupe de rock par hasard. Celui-ci est très souvent le reflet de la musique que l’on joue. Dans le cas de The Rifles, la corrélation crève les yeux. Dès les premières mesures de Repeated Offender, déjà le quatrième single en un an et le second extrait de leur futur premier album, retentissent les rafales d’arme automatique. Consciencieusement, sur un tempo de métronome où binaire ne rime pourtant pas avec primaire, les instruments font leur apparition un à un pour construire la base mélodique de la chanson.

Dès que la rythmique implacable et sans fioritures est à l’œuvre et a rodé ses boucles d’accords, la voix cristalline et inimitable de Joel Stoker, ici plus encore qu’ailleurs d’une justesse chirurgicale, se pose parfaitement et donne le véritable coup d’envoi de l’exécution à la Kalachnikov de la chanson. Une exécution sommaire en moins de trois minutes. Moins torturé et alambiqué que le titre précédent, Local Boy, Repeated Offender renoue avec la fluidité et la limpidité du brillant Peace And Quiet des tout débuts. En effet, dans ce retour aux sources, ce bain de jouvence très bénéfique, on mitraille à tout va du Clash survitaminé à la sauce Specials, c’est-à-dire vaguement nappé de ska.

Bénéficiant de la patte expérimentée du talentueux producteur Ian Broudie, par ailleurs leader charismatique des légendaires Lightning Seeds, Repeated Offender martèle ses claps de batterie sur une musique syncopée et rapide, répétitive sans être monotone. Et lorsqu’elle ose quelques vagues accords d’harmonica pleurnichard derrière le mur de guitares du bref solo, histoire de clôturer le morceau crescendo, la chanson prend des allures de rouleau compresseur. Même si les paroles n’ont aucune prétention philosophique ni nulle dimension politique, les chœurs éthérés et le chant détaché contribuent à créer un univers à la fois sombre et nostalgique.

Loin de nous offenser à répétition, comme le suggère le titre, The Rifles nous enchante plutôt avec ce quatrième single. Et comme il y a toujours cinq balles dans un barillet, on attend avec impatience la prochaine exécution, celle-ci étant capitale puisqu’il s’agira de l’album.