The Rifles

A deux mois de la parution du successeur très attendu de leur premier opus authentique et raffiné, No Love Lost, le combo dégaine une mise en bouche composée de quatre nouveaux titres sous la forme d’un EP éponyme. Quasiment deux années et demie après avoir créé la sensation en nous immergeant dans un univers unique, à la fois d’une grande richesse mélodique, eu égard à la variété des références (depuis le punk rock classique jusqu'au gothique), et d’une grande profondeur, de par la subtilité et les qualités techniques du jeu des musiciens (oscillant entre rigueur et fantaisie), lorsque les premières mesures de Darling Girl sont décochées, on replonge instantanément dans l’atmosphère envoûtante de l’emblématique Peace And Quiet des tout débuts.

Ainsi assiste-t-on à nouveau au miracle de la musique, pétrie de riffs acérés et à l’interprétation inspirée, de nos fines gâchettes. En outre, une production plus léchée se mêle de la partie en conférant aux compositions une coloration plus luxueuse, sans pour cela trahir les racines très rock’n’roll. Si I Could Never Lie n’est pas véritablement une découverte puisque le titre a fait l’objet, en juillet dernier, d’une sortie promotionnelle au format CD, on ne se lasse cependant pas de ses grandes fraîcheur et spontanéité. Chez The Rifles, et cela n’est-il point la marque du véritable talent musical, tout est fluide et naturel, les chansons se déroulant sans anicroches, sans fausse note.

Nulle autre formation n’illustre mieux l’expression « une main de fer dans un gant de velours » que notre quatuor de dandys survitaminés qui transporte littéralement l’auditeur dans le morceau qui introduit le quatre-titres, The Great Escape, en proposant une atmosphère au son Clashien toujours plus policé et moins rugueux que sur le premier album. Et pour preuve des extraordinaires homogénéité et efficacité des compositions, la bluette finale, A Love To Die For, sorte de chanson mélancolique à la mélodie, une nouvelle fois, limpide et implacable, mais ô combien obsessionnelle et entêtante, sublimée par la superbe voix du chanteur.

En résumé, dans le cru 2008, on relève plus de subtilité dans le chant, de même qu’une instrumentalisation un peu plus ronde, sans que les harmonies ne perdent de leur percussion, grâce notamment à une section rythmique toujours aussi dynamique et enlevée, à la syncope toujours reine. Désormais, The Rifles se sont détachés et affranchis de la majorité de leurs références, pour proposer un son très personnel. C’est donc avec une impatience non feinte que l’on attend le véritable examen de passage afin de savoir si The Rifles réussit l’épreuve difficile du second album.